Mathieu Bensoussan, L’Harmattan, 300 pages, 28,50 euros.

Le diplôme constituant la première source de capital social, un cadre devrait avoir d’autant moins de raisons de se syndiquer qu’il est issu de l’enseignement supérieur, ce qui lui donne directement accès à son statut. Les communautés “naturelles” de la socialité des cadres seraient donc plutôt le cercle restreint des pairs ou celui des associations d’élèves rassemblant ceux qui ont suivi un même parcours scolaire. Or les cadres adhèrent finalement beaucoup plus souvent que les ouvriers à un groupement syndical : environ 14 % des cadres sont syndiqués contre 8 % des ouvriers.

Par ailleurs, au vu du reflux de la Confédération générale des cadres (CGC), il semble que les cadres soient aujourd’hui plus enclins que par le passé à rejoindre les centrales ouvrières. La CFDT est d’ailleurs l’organisation qui profite le plus de cette redistribution des parts de l’adhésion syndicale. De là à dire que les cadres prennent leurs distances avec les directions d’entreprise et rejoignent la condition salariale ordinaire, il n’y a qu’un pas.

Pour Mathieu Bensoussan, cette analyse demande cependant à être nuancée en regardant à la loupe comment et pourquoi les cadres ont recours à l’action syndicale. Une chose est cependant certaine pour tous : contrairement à ce qui se passe dans le monde ouvrier, l’action syndicale ne constitue pas pour les cadres une réponse unique à tous les problèmes en lien avec le travail et l’emploi. L’encadrement, plus que d’autres catégories sociales, a accès à de multiples réseaux sociaux.

Mathieu Bensoussan, sociologue, est post-doctorant à l’Ecole nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg, membre de l’UMR Geste et membre du laboratoire Georges-Friedmann de Paris 1.