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Enquête

Une entreprise qui prend l’humour très au sérieux

Enquête | publié le : 20.07.2010 | CAROLINE TALBOT

La compagnie aérienne américaine a toujours cultivé l’humour. Une qualité recherchée dès l’embauche et entretenue par le comité culturel de l’entreprise.

Gary Kelly est un ancien d’Arthur Young, un comptable spécialiste de la finance qui devrait porter un discret costume rayé et une cravate. Mais il est aussi, depuis peu, Pdg de la compagnie aérienne Southwest Airlines. Le légendaire Herbert Kelleher, fondateur de cette société, lui a passé le flambeau. Et il n’est pas question de décevoir “Herb”, et encore moins les 35 000 salariés de la compagnie, habitués aux blagues, aux cigarettes et au bourbon Wild Turkey de l’ex-patron.

Les vertus du rire

Gary Kelly s’est mis au parfum. Pour la fête d’Halloween, il a acheté une perruque noire crêpée, l’a enroulée dans un joli foulard rose et s’est glissé dans la robe brillante d’Edna Turnblad, la mère de la comédie musicale Hairspray. Il s’est habitué aux étreintes de ses collègues, au verre de bière en fin de journée et aux photos de fêtes qui décorent les murs du siège social. « Le temps passe vite quand on s’amuse », confie-t-il sur le site web de la compagnie aérienne, reprenant à son compte la philosophie d’Herb Kelleher. Ce vieux Texan est persuadé que l’humour aide à accepter le changement, permet d’être créatif quand on est sous pression, fait travailler plus efficacement et, “last but not least”, participe à la bonne santé du salarié.

Quand la petite compagnie discount a vu le jour en 1971 à Dallas, Houston et San Antonio, au grand dam des compagnies établies Braniff, Texas International et Continental, Herb Kelleher a décidé de jouer sur sa différence. Et il a affirmé haut et fort la culture maison : son esprit combattant, son envie de servir les voyageurs et sa drôlerie. C’est ainsi qu’il espérait passer au travers des mines posées par ses concurrents. Depuis, Southwest cultive très sérieusement son humour. Quand un nouveau venu veut entrer dans la compagnie, on lui demande comment il utilise le rire dans une situation de travail. Et on aime qu’il ne se prenne pas au sérieux. On a ainsi prié 8 pilotes, habillés en costumes de ville stricts, de poursuivre leurs entretiens de la journée en bermuda. Six d’entre eux ont accepté… et ont finalement été embauchés.

Image de marque

Le rire est encouragé par un comité culturel de 100 volontaires, qui visite régulièrement les aéroports, les centres de réservations, les ateliers d’entretien… Ils aident pendant les phases de rush et apportent avec eux gâteaux, pizzas et autres gourmandises pour faire la fête. L’humour est monnaie courante sur les vols, dans les publicités maison, et même durant les réunions annuelles des actionnaires. Très récemment encore, une équipe de bagagistes a envahi la réunion annuelle pour chanter « les valises volent gratuitement ».

Et tout le monde, passagers et employés, de se souvenir avec émotion des meilleurs moments du fondateur. Quand, par exemple, le Pdg se travestissait en Elvis Presley pour donner plus d’impact aux affiches de recrutement et proposait aux candidats : « Venez travailler dans une entreprise où on a vu Elvis. Envoyez lui votre CV. » Désormais, il faudra s’habituer à Edna Turnblad, une autre figure du spectacle.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT