« L’objectif, explique Annie Fonteneau, assistante de la direction de Rockwell Automation, était d’aborder avec humour la problématique du changement et de sensibiliser à ses différentes étapes d’appropriation. Nous sommes convaincus que le rire est un vecteur idéal pour faire passer des messages. Nous avons choisi le thème du changement, car il est récurrent dans nos vies de salariés au quotidien, et le jeu des acteurs a parfaitement mis en évidence les travers dans lesquels on ne doit pas tomber, que l’on soit du côté du salarié ou du management. Cette interaction entre les scènes de la vie privée et de la vie professionnelle donne de la crédibilité à la pièce. »

Selon elle, l’effet de surprise a créé une nouvelle dynamique : « Cet événement a provoqué des discussions entre nous sur le thème du changement. Nous concluons sur un bilan très positif. Cette initiative, nous en sommes sûrs, va marquer les esprits de nos salariés. » Une conclusion qui ne peut que plaire à Christian Poissonneau, Pdg de Théâtre à la carte : « Le rire est l’élément clé de notre travail, car il permet de tout relativiser et de parler vrai dans une situation de crise. Mais ce n’est pas le rire pour le rire que nous recherchons, c’est plutôt le “rire jaune”, un peu figé, celui qui devient moins “rigolo” suite à l’arrivée d’un élément plus grave et dramatique dans le scénario. C’est ce rire jaune qui interpelle. Il n’est pas construit sur des ressorts trop personnalisés, trop superficiels ni trop extérieurs à l’entreprise, mais sur des problèmes qui font sens pour les salariés qui s’y trouvent. »

Christian Poissonneau constate d’ailleurs que « certains sujets comme le harcèlement moral sont devenus mineurs, alors qu’ils étaient très forts il y a dix ans. De même, les thèmes de la sécurité au sens technique et de la qualité sont moins prégnants. En revanche, les thématiques tournant autour de la gestion du stress, de la lutte contre les risques psychologiques et de la gestion du changement dans l’entreprise sont devenus très porteurs ».

Une difficulté nouvelle, concède le Pdg de Théâtre à la carte, réside cependant dans le fait que ces thèmes sont plus difficiles à illustrer par l’humour et le rire, car « il est impossible de rigoler ouvertement de la souffrance. C’est plus difficile comparativement à la thématique de la qualité totale, par exemple, que nous avons beaucoup traitée au cours des années précédentes. Il est vrai que les exigences extrêmes d’un client se prêtent beaucoup plus facilement à une formulation humoristique, voire grotesque. Mais si le rire ouvert n’est pas toujours possible, le recours à l’émotion l’est. Quand nous traitons de la situation des seniors qui se sentent abandonnés dans l’entreprise, je peux vous assurer que la dimension émotionnelle introduite dans nos saynètes fait mouche. »

Théâtre à la carte ignore la crise : « Nous intervenons de plus en plus, assure Christian Poissonneau. Après une stagnation enregistrée en 2008-2009, nous enregistrons une croissance de notre chiffre d’affaires de + 20 % sur le début de cette année 2010. Entre l’été 2009 et l’été 2010, notre chiffre d’affaires atteint les 5 millions d’euros. La société en France comptait 10 salariés à sa création en 1992, alors que la société d’origine a été créée en 1984 à Montréal ; elle en emploie 80 aujourd’hui, dont 60 comédiens. Nous intervenons toujours aussi bien auprès de petites PME que de très grosses entreprises de tous secteurs. En revanche, la nouveauté est la demande de plus en plus fréquente des administrations et des collectivité territoriales. Elles aussi ont besoin de travailler sur le sens, le changement, le stress. »

• Activité : produits et process d’automatisation.

• Effectif : 214 salariés.

• Chiffre d’affaires 2009 : 70,5 millions d’euros.