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Revendications syndicales et humour : une alliance délicate

Enquête | publié le : 20.07.2010 | A. D.

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Revendications syndicales et humour : une alliance délicate

Crédit photo A. D.

En dépit d’initiatives isolées, les syndicats restent souvent réticents à manier les traits d’humour.

Chaque année, depuis le lancement il y a onze ans de la campagne estivale de la CFDT en direction des saisonniers, c’est le dessinateur Vuillemin qui illustre l’attirail de communication. Sur le croquis choisi pour l’édition 2010, dont le coup d’envoi a été donné le 6 juillet, un groupe de jeunes musiciens est installé sur la scène d’un café : « On est là pour faire un tube… », commence l’un d’entre eux ; « … pas pour se faire entuber », conclut un second. Le ton, décalé, est peu coutumier du phrasé de la confédération.

« Le recours à l’humour reste exceptionnel dans notre stratégie de communication. Il en va pourtant de notre capacité à toucher un public jeune qui a souvent une image poussiéreuse des syndicats », reconnaît Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT, qui juge très positive la réception de la campagne auprès des saisonniers.

La fantaisie n’est pas plus à chercher du côté des relations sociales internes à l’entreprise. « Les représentants syndicaux sont vraisemblablement plus à l’aise dans le registre de la dramatisation que dans celui de l’humour, remarque Céline Bottega, professeure de management, qui a étudié le rôle de l’humour dans les entreprises. Il suffit néanmoins de la présence d’une personnalité insolite parmi les militants pour faire basculer d’un mode de fonctionnement à l’autre. »

« L’humour fait mouche auprès des salariés »

Sur le site PSA de Mulhouse, le syndicat CFE-CGC, qui a longtemps bénéficié du trait de crayon d’une de ses adhérentes, prête autant que possible attention à la dimension humoristique de ses communications. Les tracts de la facture la plus classique sont parfois agrémentés de petits gimmicks. « Même lorsqu’il est grinçant, l’humour fait mouche auprès des salariés, souligne Bernard Bigourd, délégué syndical CFE-CGC. Nous sommes cependant extrêmement vigilants à ne blesser personne, d’autant plus que nos adhérents représentent parfois la direction dans leur métier. »

Une arme à manier avec précaution

« L’humour reste une arme à manier avec beaucoup de précaution, confirme Hervé Garnier. Dans un climat social tendu, il semble que les équipes syndicales prennent plutôt le risque d’ennuyer tout le monde que celui du trait d’humour qui se retournerait contre elles. »

Pour le secrétaire national de la CFDT, c’est à l’échelle des fédérations, où les problèmes peuvent être abordés dans leur généralité, que l’humour a une vraie place à prendre : « Les fédérations de l’enseignement ou de la santé font parfois preuve de beaucoup d’esprit, relève-t-il. Quand je vois des affiches placardées sur les murs des locaux syndicaux bien longtemps après les campagnes, je croise les doigts pour qu’elles aient plu à ceux à qui elles étaient destinées autant qu’à ceux qui les ont conçues. »

Auteur

  • A. D.