Dans le monde de la fiction ou du récit, l’entreprise est une toile de fond idéale pour croquer les travers de la vie de bureau ou souligner les excès d’un système. Dans cette sélection de livres, films et séries, l’humour se décline sur tous les modes, du plus léger au plus grinçant, mais toujours avec un certain réalisme.
Dans mon open space, deux tomes (un troisième est prévu en août), James, éd. Dargaud.
Hubert, le personnage principal, se situe dans la droite lignée de Dilbert, le personnage créé par Scott Adams en 1989 et dont l’adaptation au cinéma serait en chantier. D’abord stagiaire, puis “assistante” (sic) en CDI (mais en période d’essai), dans une entreprise de sous-vêtements, Hubert y croise tous les types de la vie de bureau : le patron tyrannique mais qui veut qu’on le tutoie, le commercial lourdingue, le DRH impuissant, le placardisé.
Moi vivant, vous n’aurez jamais de pauses ou comment j’ai cru devenir libraire, Leslie Plée, éd. Jean-Claude Gawsewitch.
Leslie Plée a travaillé deux ans dans un “magasin culturel”. Une expérience dont elle tire Moi vivant, vous n’aurez jamais de pause ou comment j’ai cru devenir libraire. Un titre qui en dit long sur les déconvenues de la jeune employée qui se rendra vite compte que, dans cet environnement où l’on vend des livres comme de la bière, la culture ne pèse pas lourd face aux objectifs de vente. Et que le quotidien est surtout fait de clients bornés et de chefs faussement compréhensifs, de cartons à remplir et à vider, de longues séances d’étiquetage et de “désétiquetage” (re-sic).
Le monde merveilleux de l’entreprise, Voutch, éditions Le Cherche-Midi.
En une soixantaine de dessins, Voutch, illustrateur de presse, appuie là où ça fait mal et dépeint avec ironie une entreprise où les stratégies sont définitivement absurdes, et les relations humaines d’une violence feutrée mais bien réelle.
Carte de fidélité, Sylvain Rossignol, éditions La Découverte.
En 2008, Sylvain Rossignol faisait parler de lui avec Notre usine est un roman, chronique émouvante de la fermeture du site Aventis de Romainville. Dans ce nouvel ouvrage, beaucoup plus caustique, il plonge cette fois le lecteur dans les arcanes d’un supermarché, avec la figure de Noémie, caissière surqualifiée, adepte de la résistance passive au système. A travers son regard désabusé et corrosif, c’est un univers orwellien qui est donné à voir, lequel va être bousculé par une menace de grève.
L’Imposteur et Plan social, François Marchand, tous deux aux éditions du Cherche-Midi.
Ancien fonctionnaire au ministère du Travail, François Marchand est bien placé pour décrire les rouages kafkaïens de l’administration. Dans L’Imposteur, un homme cynique et sans scrupule usurpe l’identité de son voisin et occupe son poste de directeur des relations professionnelles. Il y mettra sur pied un vaste système de corruption. Humour grinçant que l’on devrait retrouver dans son prochain roman, dont la sortie est prévue à la rentrée. Plan social met en scène le patron d’une entreprise d’ancres marines située à Valenciennes, contraint de dégraisser pour survivre, aux prises avec un délégué CGT et un consultant parisien.
Lettres de non-motivation,Julien Prévieux, éditions La Découverte.
Répondre à une annonce d’emploi par une lettre de non-motivation, c’est à cela que Julien Prévieux s’est attelé pendant plusieurs années. Détournant les codes d’un exercice ô combien convenu, il envoie ainsi aux recruteurs des courriers totalement décalés. Tout comme le sont, du coup, les réponses-types qu’il reçoit et qui révèlent toute l’absurdité d’un processus devenu automatisé.
Rien de personnel,de Mathias Gokalp, avec Denis Podalydès, Jean-Pierre Darroussin, Mélanie Doutey.
Des cadres des laboratoires Muller se retrouvent pour une soirée de coaching bien particulière puisque, sous couvert de mise en situation, se joue la sélection de ceux qui survivront au rachat programmé de l’entreprise et au plan de licenciements qui suivra. Un scénario malin et une interprétation brillante dans un film qui joue sur les quiproquos et malmène ses personnages.
Notre univers impitoyable, De Léa Fazer, avec Alice Taglioni et Jocelyn Quivrin.
Unis à la ville, Margot et Victor, brillants et ambitieux avocats, se retrouvent en concurrence pour devenir le nouvel associé du cabinet. Qui sera choisi ? Elle ou lui ? Selon les cas, les conséquences seront bien différentes. Une variation légère sur le thème de l’(in)égalité hommes-femmes et des rapports entre sexe et travail.
