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Il faut encadrer le travail de nuit plus strictement

L’actualité | L’interview | publié le : 13.07.2010 | VIRGINIE LEBLANC

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Il faut encadrer le travail de nuit plus strictement

Crédit photo VIRGINIE LEBLANC

E & C : Vous étiez le rapporteur de l’avis du CESE intitulé “le travail de nuit : impact sur les conditions de travail et de vie des salariés”, adopté le 8 juillet. Quelle ampleur le travail de nuit prend-il aujourd’hui en France ? En quoi est-il dangereux pour la santé des salariés ?

F. E. : De 1991 à 2008, le nombre de travailleurs de nuit est passé de 2,5 à 3,6 millions. Il a plus que doublé chez les femmes(1), progressant de 450 000 à 995 000. Or, la nocivité de ces horaires atypiques est avérée : troubles du sommeil, surconsommation de médicaments, problèmes d’équilibre nutritionnel et risques cardiovasculaires accrus. Diverses études, dont celle du Circ(2), font un lien entre le travail de nuit et la probabilité de cancers. Malheureusement, nous ne disposons pas de suffisamment d’études françaises sur le sujet, et le Plan santé au travail 2 ne l’aborde pas. Nous souhaiterions donc confier à l’Anses(3) une étude sur l’impact du travail de nuit sur la santé des salariés.

E & C : Que préconisez-vous pour mieux l’encadrer ?

F. E. : Les conditions de recours au travail de nuit devraient être plus précises. La “continuité économique” n’est pas un critère suffisant, il faut que la viabilité de l’entreprise soit vraiment en cause. Je souhaiterais que des accords de branche déterminent les motivations du recours à ces horaires de nuit, les types d’emplois concernés et les dispositifs préservant la santé des salariés. Des compensations salariales peuvent être très significatives – de 5 % à 40 %. Mais, pour les salariés qui travaillent de nuit en permanence, il faut un repos compensateur minimum légal, et non pas un repos éventuel, ainsi que le retour à un poste de jour. Enfin, des mesures de compensation de la pénibilité devraient être intégrées à la réforme des retraites.

(1) La loi du 9 mai 2001 a levé l’interdiction du travail de nuit pour les femmes.

(2) Centre international de recherche sur le cancer.

(3) Agence nationale de sécurité sanitaire, née de la fusion de l’Afsset et de l’Afssa.

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  • VIRGINIE LEBLANC