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Les pratiques

ItalieUne loi pour imposer des “stressomètres” aux entreprises

Les pratiques | publié le : 06.07.2010 | ANNE LE NIR

Dans quelques semaines, toutes les entreprises italiennes devront être en mesure de démontrer qu’elles évaluent le stress de leurs salariés et mettent en œuvre des actions de prévention.

A partir du 1er août, les employeurs italiens ne pourront plus prendre à la légère le stress de leurs salariés. Toute entreprise privée devra être en mesure de démontrer qu’elle met en application la réglementation qui figure dans un décret-loi adopté en avril 2008, lequel, suivant les directives européennes sur la sécurité et la santé du travail (accord-cadre européen du 8 octobre 2004), impose à tout employeur l’évaluation du risque de stress lié au travail pour chaque salarié, ainsi que des initiatives pour en réduire les causes. Pour ce qui concerne l’administration publique, la date butoir a été repoussée au 31 décembre.

Inspiration britannique

Selon la loi italienne, qui a fait l’objet d’un accord avec les confédérations syndicales, les employeurs qui ne seront pas en règle risqueront une amende de 5 000 à 10 000 euros et de quatre à huit mois de prison. La commission de conseil permanente du ministère du Travail n’a donné, à ce jour, aucune ligne directrice précise sur ce que les Italiens appellent le “stressomètre”, autrement dit sur les protocoles qui devront être appliqués sous la responsabilité légale des employeurs.

Mais l’Ispels, l’Institut supérieur pour la prévention et la sécurité sur le travail, a élaboré un indicateur d’évaluation du stress déjà très utilisé, qui s’inspire du modèle britannique du Health and safety executive, (HSE), en l’adaptant au contexte productif et social italien. Par exemple, en tenant compte du fait que le tissu industriel est composé d’une majorité de micro ou petites entreprises comptant moins de 10 salariés.

« La plus grande difficulté est de déterminer avec précision si le stress d’un salarié dépend plus du climat dans lequel il travaille que de sa sphère personnelle », souligne Sergio Iavicolo, directeur du département de médecine du travail de l’Ispels. Une recherche de la Fondation européenne pour la formation à Turin révèle qu’en Europe, 40 millions de travailleurs sont victimes de stress, dont 4,58 millions en Italie. Ce qui entraîne une dépense totale (entre perte de productivité, absences pour maladie et recours aux services de santé publique) de l’ordre de 20 milliards d’euros par an.

Un manque de prévention

En Italie, pays qui se caractérise par une absence chronique de culture de la prévention dans tous les domaines et où on l’on compte un millier de “morts blanches” par an (nom donné aux accidents du travail mortels), les plus touchés par les symptômes typiques du stress sont les femmes, en particulier les infirmières et les enseignantes ; les travailleurs âgés de 35 à 44 ans et ceux en contact avec les nouvelles technologies.

Selon les données de l’Inail, l’Institut national d’assurances contre les accidents du travail, le taux d’absentéisme lié à des problèmes de stress se situe entre 50 % et 60 %.

« Mieux gérer le stress au travail se révèle donc aussi important pour l’employeur que pour ses salariés, mais les patrons ont du mal à le comprendre. Pour eux, toutes ces questions sont une perte de temps et d’énergie », explique Emmanuela Fattorini, psychologue du travail. Cette experte, chargée de recherche à l’Ispels, estime que l’application du décret de loi va entraîner des changements radicaux dans le domaine de la GRH en Italie : « Dorénavant, la gestion du personnel et la communication interpersonnelle ne pourront plus être négligées par les managers, je pense que c’est un point positif en cette période de crise. »

Auteur

  • ANNE LE NIR