Les technologies les plus avancées sont vite remplacées par d’autres.
J’ai commencé les années 2000 sans Ipod – il n’était pas encore sorti – et je les ai terminées sans – il m’était devenu moins essentiel. En une décennie pourtant, cet objet mythique s’est glissé dans beaucoup de poches et a créé la révolution dans l’industrie de la musique. Remplacé maintenant par l’Iphone, Spotify et Deezer, la radio sur Internet ou encore l’Ipad. Il y a dix ans, Google démarrait son envolée, You tube, Facebook, Twitter et Wikipedia n’existaient pas encore. Comment faisions-nous nos recherches ? C’est fou ce que l’on s’habitue vite…
En parallèle, notre mémoire s’efface devant l’accélération des événements. Le 11 Septembre et l’effondrement des tours jumelles, c’était il y a dix ans ou presque… Evoluant avec le rythme mondial, la vie de chacun s’accélère aussi. Au fond, personne n’est sûr que ce soit pour un mieux, mais on suit. La nature humaine a des capacités d’adaptation étonnantes. Une question cependant commence à nous tracasser : notre personne a-t-elle évolué aussi vite que le monde qui nous entoure ? Petit instant de retour sur soi.
Au fait, on avait quel âge, il y a dix ans ? Que c’est loin… et c’était hier aussi. Où en étions-nous ? Travail, famille, amis, sentiment d’être heureux, quel était notre équilibre ? Depuis, on a fait des milliers de choses, pris des trains, participé à des réunions, rempli des Powerpoint, apprécié quelques congés en famille. Mais nos vies ont-elles progressé, gagné en profondeur, en satisfaction et en accomplissement ? A écouter les personnes en entreprise, je dirais « pas pour tous ». Car si la technologie adore la vitesse, l’évolution personnelle a besoin de temps ; curieusement, les deux processus les plus importants pour le développement de soi – l’approfondissement et l’intégration – sont lents par nature. Comme pour nous rappeler que la vitesse ne conduit pas forcément au bonheur et que le plaisir au travail n’est plus assez présent dans notre quotidien…
Des signes de questionnement apparaissent dans les pays économiquement développés. Sur les lieux même où la technologie est reine, en Silicon Valley, les anthropologues commencent à suivre de près la fatigue des travailleurs du savoir. Si ces élites devaient passer un test antidopage, figurez-vous qu’elles seraient toutes recalées ! Un stimulant pour se lever, un autre pour tenir le coup, un troisième pour dormir. La tête fonctionne à plein régime, les nerfs sont surmenés, mais le corps s’épuise… et le bonheur n’est pas toujours là.
Pourtant, comment allier les deux, ce monde moderne, rapide, survolté, et l’épanouissement de soi ? En accordant de l’importance à la personne que l’on devient autant qu’aux résultats que l’on produit. Nous avons des indicateurs de mesure pour tout, sauf pour notre évolution personnelle. Généralement, le désir de se respecter davantage pointe son nez quand on est très malheureux ou quand survient une grosse épreuve de vie qui nous fait réfléchir. N’attendons pas un choc pour penser autrement. Par des actions toutes simples, chacun peut se rapprocher chaque jour davantage de la personne qu’il a envie d’être.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <
