Le rythme des négociations en entreprise s’est emballé. Aux NAO habituelles se sont ajoutées, l’année dernière, celles sur les seniors et le stress… avec des échéances très courtes pour aboutir ; sans compter la nouvelle obligation récente d’information-consultation des IRP sur à peu près tous les sujets concernant le travail. De quoi visser plusieurs fois par mois les DRH et les représentants du personnel sur leur chaise de négociation. Mais pour quels objectifs et quels résultats ?

Les accords qui ressortent de ces multiples rencontres ne satisfont apparemment pas toujours les salariés. Au vu de leur désintérêt pour les IRP, il est urgent de s’inquiéter de la légitimité de ces dernières. A leur décharge, la complexité des sujets traités et la judiciarisation des relations de travail les conduisent à devenir des experts ou des procéduriers et à s’éloigner des revendications du terrain.

Mais sans obligations légales, les directions se donneraient-elles la peine de discuter par exemple des rémunérations, du handicap, du temps et des conditions de travail ou encore de l’égalité professionnelle ? En France, la culture du conflit est bien ancrée, et c’est souvent à travers lui que les avancées sociales ont pu émerger… dans les entreprises aussi. Pour sortir de cette logique, il est sans doute temps de moderniser le dialogue social, par exemple en favorisant davantage l’exercice de la concertation en amont. Mais dans ce cas, il faudra aussi impulser une réelle culture du compromis.