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Des plates-formes de santé… en pleine croissance

Dossier | publié le : 29.06.2010 | V. L.

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Des plates-formes de santé… en pleine croissance

Crédit photo V. L.

Proposées aux entreprises par les assureurs et courtiers, les plates-formes de santé se sont fait leur place parmi les outils de maîtrise des coûts. Preuve en est l’arrivée de nouveaux prestataires dans cet univers.

Depuis le 1er juin, Malakoff Médéric et Harmonie Mutuelles* ont lancé Kalivia, un réseau de plus de 2 500 opticiens répartis sur l’ensemble du territoire. Objectif commun : offrir à leurs 6 millions d’assurés et adhérents, « des prestations optiques de haute qualité, à des conditions tarifaires optimisées ». Depuis le 18 janvier, Groupama et ProBTP se sont également rapprochés pour créer Sévéane, une structure commune au service de leurs 6 millions d’assurés santé, dans les domaines de l’optique et du dentaire. Ces postes constituent en effet souvent la moitié du coût de la complémentaire.

Tarifs négociés

« Nous avons construit ce partenariat sur la base d’un réseau déjà existant chez Groupama depuis une dizaine d’années », précise Norbert Bontemps, directeur assurance santé individuelle de Groupama et président du comité maladie de la FFSA. « Nous avions obtenu une baisse des tarifs de l’ordre de 25 % sur les verres et de 15 % sur les prothèses dentaires », ajoute-t-il. Les assurés de ProBTP constituent déjà 30 % du trafic, un très bon résultat selon lui.

Ces événements marquent la volonté des organismes d’assurances d’être en mesure de proposer des services aux entreprises pour ne plus se retrouver en position de « payeurs aveugles ». Les professionnels des réseaux qui répondent à un cahier des charges s’engagent sur des prix et des standards de qualité et bénéficient en retour d’un volume de clients supplémentaires. « Ces outils ont été décriés au début, mais aujourd’hui, ils ont atteint la maturité, nous avons su faire des économies d’échelle », estime Jean-Marc Boisrond, président du directoire d’Itelis (Axa et Mutuelles Mieux-être, 4 millions d’assurés), qui se définit comme « société de service et d’ingénierie dans le domaine de la santé ». En outre, dans le baromètre 2009 du Ctip, 6 employeurs sur 10 citaient l’accès au réseau de soins comme le plus intéressant parmi une liste de services proposés.

Ces rapprochements s’expliquent aussi car il faut couvrir suffisamment de personnes pour rentabiliser l’investissement. « Une taille critique est nécessaire, soit au moins 5 millions d’assurés », estime Norbert Bontemps. L’effet “taille” a son importance pour absorber les frais de gestion, les équipements, les personnels dédiés, et pour ne pas augmenter démesurément les primes, les prestations proposées y étant incluses. « Il faut que la plate-forme rapporte plus qu’elle ne coûte », résume Marianne Binst, directrice générale de Santéclair (qui a pour actionnaires Maaf, MMA, Allianz, Mutuelle générale de la Police et Ipeca ; et un potentiel de 5,5 millions de personnes protégées).

Carrés Bleus, pionnière en France

Une évolution qui conforte les pionniers. « Difficile de concevoir aujourd’hui une complémentaire santé sans ce type de service », assure Marc Thoumieu, directeur de la stratégie et de la politique de distribution à CNP Assurances et Pdg de Carrés Bleus, la première plate-forme de santé lancée en France en 1996, et qui compte 4 millions de personnes protégées et un client majeur : la MGEN (Mutuelle générale de l’éducation nationale). « Carrés Bleus a créé le premier service d’analyse de devis pour l’optique : de 1 500 à l’origine, nous disposons aujourd’hui de 5 000 opticiens partenaires dans notre réseau, ce qui permet une bonne proximité avec les clients. » Des économies de l’ordre de 15 % à 20 % peuvent être dégagées sur ce poste. Carrés Bleus a essayé de constituer un réseau de dentistes, sans succès, du fait de la plus grande réticence de ces professionnels à adopter ces démarches.

Quatre types de services

Côté économies, Marianne Binst fait valoir une réduction de 35 % à 40 % des tarifs sur l’optique, de 45 % pour les prothèses auditives et de 15 % sur le dentaire, les marges de manœuvre étant moindres sur une prestation comprenant beaucoup de travail manuel.

Quatre types de services sont proposés aux complémentaires ou aux courtiers pour être mis à disposition des entreprises : l’analyse de devis ; l’accès à un réseau de professionnels de santé labellisés ; une application Internet d’aide à l’automédication et un département d’aide à la reformulation des garanties. « Nous pouvons décrire un panier de prestations aux frais réels dans le réseau, ce qui permet de garder de très bonnes garanties, de qualité, tout en diminuant les tarifs. »

Au-delà de la maîtrise des coûts, certains réseaux s’engagent sur le terrain de la prévention. Itelis (4 millions d’assurés) propose une prestation dédiée, à la fois aux assureurs mais aussi aux entreprises en direct : mise en place de programmes de prévention sur le tabac, l’alcool, d’autres addictions, les troubles musculo-squelettiques, les risques psychosociaux, l’équilibre alimentaire, etc.

* Le réseau sera opérationnel en janvier 2011 pour les adhérents d’Harmonie Mutuelles.

* Données provisoires de l’enquête protection sociale complémentaire d’entreprise réalisée en 2009 par l’Irdes, sur la base de 1700 établissements d’au moins un salarié.

* Baromètre Credoc/Ctip, 2009 ; sur 217 répondants dans des entreprises de moins de 200 salariés.

En cas de hausse des cotisations…

→ D’après l’Institut de recherche et de documentation en économie de santé (Irdes)*, à la question : « La dernière fois qu’un assureur vous a annoncé une hausse du coût de la complémentaire santé d’entreprise supérieure à 10 %, que s’est-il passé ? »

– 81 % des établissements ont répondu que ça n’était jamais arrivé, en tout cas pas récemment.

– Pour les 19 % d’établissements qui ont été concernés par un risque de hausse de la prime supérieure à 10 %:

• 4 % ont changé de contrat ;

• 5 % ont réparti la hausse de la prime entre l’employeur et le salarié (l’employeur a maintenu le niveau de sa participation) ;

• 4 % ont fait supporter aux salariés l’essentiel ou la totalité de la hausse ;

• 3 % des employeurs ont supporté l’essentiel ou la totalité de la hausse ;

• 3 % ont répondu autre chose : essentiellement une baisse des garanties.

→ Selon une enquête du Crédoc pour le Centre technique des institutions de prévoyance (Ctip)*, en cas de hausse des cotisations de la complémentaire santé, les responsables de PME pensent le plus souvent partager cette augmentation entre l’employeur et le salarié. En cas de hausse entre 5 % et 7 % pour 2010, un peu moins des deux tiers partagent l’augmentation entre employeur et salarié. Ils ne sont qu’à peine la moitié si cette hausse est comprise entre 8 % et 10 %. Dans l’hypothèse basse, 18 % changent de contrat ; ils sont 31 % dans l’hypothèse haute.

Auteur

  • V. L.