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Les pratiques

Idclic stimule les idées plutôt que les conditions de travail

Les pratiques | Retour sur… | publié le : 22.06.2010 | LAURENT POILLOT

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Idclic stimule les idées plutôt que les conditions de travail

Crédit photo LAURENT POILLOT

Avec son outil d’innovation participative, Orange France dit avoir réalisé 600 millions d’euros d’économies en trois ans, grâce à 7 500 projets dans tous les domaines.

Et de 3. Le 31 mai, le site web interne d’innovation participative d’Orange France, Idclic, a reçu sa troisième distinction depuis son lancement, en 2007. Après avoir été primé au Carrefour de l’innovation participative (parrainé par le ministère de l’Economie), puis aux Trophées du management de l’innovation (initiative l’Expansion et TNS Sofres), c’est cette fois lors d’un raout organisé par le Club des directeurs marketing et communication des TIC (Cm.it), que l’initiative a été applaudie.

Greffé sur l’intranet

Il s’agit d’un outil greffé sur l’intranet de l’entreprise. Il sert à faire remonter les bonnes idées de près de 80 000 salariés, postées directement depuis leur ordinateur ou avec leur smartphone. Surtout utilisé au départ par des techniciens, ingénieurs et commerciaux, il aurait globalement fait réaliser à l’entreprise 600 millions d’euros d’économies depuis trois ans, grâce à des aménagements venus du terrain, sur des sujets techniques, d’adaptation du système d’information ou de l’offre commerciale. Au total, la direction fait état de 93 000 idées apportées et de 7 500 projets mis en œuvre. « On estime qu’un tiers des salariés ont été actifs sur Idclic en déposant au moins une idée », déclare l’un des principaux architectes du projet, David Richard, directeur de la qualité et de la performance chez Orange France.

Pour exploiter toutes ces ressources, Idclic repose sur un système d’aiguillage. Cinq catégories d’acteurs agissent comme autant de filtres. Conséquence pour le salarié : à chaque fois que son projet franchit une étape, il gagne des points, dont le nombre est le même quel que soit l’impact économique attendu. Avec ses points, le salarié va choisir un cadeau dans la boutique de l’intranet : clé USB, lecteur MP3, console de jeux…

Autre gratification : une invitation pour 30 salariés à se rendre à Arcueil, au siège social, tous les semestres. Chacun d’eux occupe un stand sur un “marché aux idées”, devant les salariés de passage, des membres de la direction et du comité exécutif. Il raconte son idée dans une vidéo retransmise aux autres salariés, lesquels élisent en ligne un lauréat.

David Richard juge que l’outil n’a d’intérêt qu’à trois conditions : « l’implication du top management »; « la transparence vis-à-vis du collaborateur »; et « la démonstration que les idées analysées ont bien été déployées ».

Violence sociale

Les syndicats, quant à eux, portent un regard mitigé sur l’initiative. « Idclic existe indépendamment de la gestion des ressources humaines », tranche un délégué CFDT. « Le principe est bon », retient de son côté Sébastien Crozier, président CFE-CGC-Unsa de France Télécom, « car il sollicite positivement les salariés en tant qu’experts dans leur domaine. Mais dans une entreprise où la violence sociale a résulté d’une stricte logique de réduction des coûts, celle-ci obère les effets positifs des autres améliorations sur l’organisation. »

Son impact sur la reconnaissance des salariés demeure un mystère, dans une entreprise dont l’image reste entachée par 44 suicides depuis 2008. Dans son rapport principal sur les conditions de travail produit en mai, le cabinet Technologia, rapporte ce verbatim poignant d’un commercial non-cadre : « J’ai proposé plein d’idées pour rebooster des ventes, pour intervenir en boutique et sur la réorganisation de stocks, je suis intervenu dans leurs briefs ; plusieurs idées clics […], dont certaines remontées au niveau national ; on m’a laissé tomber, on m’a foutu dans un placard. »

Auteur

  • LAURENT POILLOT