Pourquoi certains salariés ne vont-ils jamais en formation ? En 2007, en cherchant la réponse, les responsables RH et formation de Casino Restauration ont émis le postulat que certains salariés étaient en difficulté avec les savoirs de base, primordiaux pour aborder d’autres thèmes. « Parmi l’ensemble des propositions faites aux salariés dans le cadre du DIF, nous avons présenté une offre de formation sur ce sujet, explique Thierry Koffi, responsable formation. L’objectif était d’améliorer leur vie sociale et professionnelle : ce n’était pas lié à un enjeu de GPEC, mais nous savions que cela permettrait in fine de sécuriser les parcours. »

Casino Restauration s’est tourné vers le Centre académique de formation continue (Cafoc) de Lyon et le réseau des Greta, deux prestataires expérimentés en matière d’illettrisme en entreprise. Une zone couvrant Clermont-Ferrand, Lyon, Saint-Etienne et Grenoble, car proche du siège du groupe, a été choisie pour l’expérimentation.

Le dispositif mis en œuvre par le Cafoc a reposé d’abord sur une communication la moins stigmatisante possible autour du projet. Une sensibilisation a ainsi été organisée pour le comité de direction, les directeurs de sites et le CCE. Puis les salariés ont à leur tour été informés, par le biais d’affiches et de réunions collectives, animées par leur directeur et le représentant du Greta le plus proche du site. Sur un effectif de 654 personnes, 215 volontaires y ont participé. Une urne permettait ensuite de déposer une demande d’entrée en formation, ce qu’ont fait 50 salariés à l’issue d’un entretien de positionnement assuré par le Greta.

A partir de 2009, lorsque l’opération a été étendue à toute la France, plus de 1200 salariés ont assisté à l’information collective. A la fin de cette même année, 437 d’entre eux avaient été formés aux savoirs de base via le DIF. Le bilan de la première expérimentation avait, entre-temps, permis de retoucher les dessins des affiches, jugés infantilisants par certains, et de mieux anticiper les départs en formation au sein des équipes.

« Les personnes commencent souvent par faire une demande “de biais”, constate Thierry Koffi. C’est-à-dire qu’elles demandent une initiation à l’informatique, à Word, à la rédaction de documents personnels, ou bien à la documentation sur Internet… Autant de formations que nous avions précisément proposées au catalogue dans ce but ! Puis, lorsque ces personnes se décident à demander expressément une formation aux savoirs de base, elles ont le choix entre une session en interne, en interentreprises ou en individuel. Elles choisissent très largement le cours individuel du fait des contraintes opérationnelles des équipes de travail, mais aussi parce que cela permet d’exprimer plus librement ses difficultés. »

Les programmes individualisés peuvent durer de 50 à 110 heu­res. Leur coût moyen par salarié s’élève à 915 euros. Au départ entièrement prise en charge par le Fafih, Opca de l’hôtellerie-restauration, et le FUP (frais pédagogiques, communication et frais annexes), l’opération continue cette année grâce à un accord de prise en charge de la part du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) à hauteur de 120 000 euros.