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Proche et si loin…

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 22.06.2010 |

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Proche et si loin…

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On parle facilement de silos entre services, mais on pourrait aussi bien étendre cette métaphore aux personnes. Avec la spécialisation des tâches et le rythme de travail, chacun peut facilement passer la journée suroccupé dans sa bulle, loin de ses collègues d’à côté. On croyait l’entreprise créatrice de liens ? Elle l’est, bien sûr, mais elle peut aussi augmenter les distances. Quand on n’a plus le temps de grand chose, on n’a pas de disponibilité pour les autres. Certains fonctionnements essentiels à la bonne dynamique collective en pâtissent.

Prendre en compte l’autre. Une communauté saine reconnaît et valorise l’apport de chacun. Dans notre univers de travail actuel, sait-on encore faire attention à l’autre, écouter ce qu’il dit, entendre ce qui est important de son point de vue ? « Tout le monde n’a pas des choses intéressantes à dire », vous répondent les managers pressés. Erreur : aucune personne n’est ennuyeuse quand elle est authentique. Mais on ne sait plus créer l’espace qui permet ces échanges de qualité. Les discussions ressemblent alors à des séances de ping-pong, où l’on coupe la parole, termine les phrases de l’autre, obéit frénétiquement à son Blackberry et change de sujet de façon abrupte.

Etre pleinement présent. Lorsque qu’une personne vous dit « je vous écoute » tout en faisant autre chose, la situation de commu­nication est violente, même si l’on ne s’en rend pas compte. Le mode multitâches a beaucoup d’avantages mais ne permet pas de s’intéresser réellement à son interlocuteur ; on est surtout centré sur soi et sa charge de travail. Beaucoup pressentent les limites de ces façons de travailler “chacun dans sa bulle”, car on passe du temps à récupérer des loupés faute d’attention ou de compréhension, mais le souligner serait politiquement incorrect. D’accord, toutes les conversations n’ont pas besoin d’un grand niveau de profondeur, notamment quand on échange des informations courantes, mais une ou deux fois par jour au moins, la situation réclamerait d’être présent à 100 %.

Rester ouvert et positif. Un quotidien trop rempli – et de façon répétitive – diminue le seuil de tolérance au stress. Après une phase de stimulation face au challenge à relever, l’individu angoisse à l’idée de ne pas arriver à terminer. Cette pression va teinter son regard sur les choses. En réunion, il devient plus nerveux et ironique ; les idées nouvelles sont tuées dans l’œuf. Les personnes qui s’investissent le plus commencent à se fatiguer et à douter d’elles-mêmes. Elles ne se sentent pas reconnues, s’énervent devant ceux qui ont le vent en poupe. Et sans qu’elles s’en rendent compte, elles se referment un peu plus sur elles-mêmes. Rester optimiste, généreux et ouvert à la collaboration devient besogneux. Progressivement, les relations se rigidifient. Nos façons de travailler sous tension laissent-elles de la place pour l’ouverture du cœur ? Dans un monde de plus en plus relié, collaboratif et en réseau, c’est une question à méditer.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <www.lesaget.com>