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Les pratiques

États-UnisQuand l’entreprise réinvente le jardin ouvrier

Les pratiques | publié le : 15.06.2010 | CAROLINE TALBOT

Confrontées à la crise et aux effets de la mondialisation, certaines entreprises américaines, et non des moindres, proposent à leurs salariés de cultiver leur jardin. De quoi renforcer la cohésion et sensibiliser au développement durable.

Aubrey McClendon, le patron de Chesapeake Energy, un producteur de gaz naturel d’Oklahoma, était en voyage d’affaires à Toronto, au Canada, quand il a vu pour la première fois un jardin d’entreprise. Immédiatement convaincu de son intérêt, il nomme dès son retour Kathryn Goodwin coordinatrice du jardin de Chesapeake Energy. 378 volontaires sur les 3 000 salariés du siège social s’inscrivent au club des mains vertes. Kathryn Goodwin leur enseigne les vertus de l’économie durable et prône l’usage limité des herbicides. Les nouveaux jardiniers sont partagés en 56 équipes de comptables, informaticiens, personnels d’entretien, réceptionnistes… Et tout le monde plante avec bonheur, depuis le mois d’avril, des asperges, des framboises, des mûres ou des melons dans le grand jardin mis à disposition par Chesapeake Energy.

Afficher ses “valeurs vertes”

« L’aventure toute récente permet d’affirmer les valeurs vertes de l’entreprise, elle aide à travailler en équipe et nous rencontrons des gens qu’on n’aurait jamais vus autrement », assure la coordinatrice. Par ces temps de crise, le concept de jardin d’entreprise semble être un outil efficace et peu cher pour renforcer l’esprit d’équipe, casser les barrières hiérarchiques et enrichir en produits frais la cafétéria du groupe.

Chesapeake Energy a dépensé 500 000 dollars pour créer ses fontaines, ses cabanes à outils… Mais pour installer des jardins plus modestes, 1 000 dollars à l’année suffisent. Grandes et petites entreprises se lancent donc dans l’aventure. PepsiCo, Google, Yahoo, Aveda, la chaîne Best Buy… Toutes ces grandes marques ont aujourd’hui leur jardin, tout comme le petit groupe de marketing Haberman, installé à Minneapolis. Au printemps 2009, 5 à 6 salariés parmi les 26 employés d’Haberman ont planté tomates, pommes de terre, haricots verts, choux de Bruxelles, oignons, concombres.

Pour Fred Haberman, le créateur de la PME, « l’expérience est extraordinairement positive », car elle lui permet de défendre une idée chère : la nécessité de faire baisser les coûts de la santé en Amérique – et accessoirement dans son entreprise – en pratiquant de saines activités en extérieur et en mangeant beaucoup mieux. Les 70 jardiniers du groupe d’assurance Harvard Pilgrim Health Care dans le Massachusetts sont sur la même longueur d’onde.

L’enthousiasme des débuts se tempère bien sûr au fil du temps. Certains jardiniers amateurs s’essoufflent. Mais la direction de Harvard Pilgrim Health Care a demandé aux professionnels des espaces verts de Green City Growers d’aider les volontaires à maintenir leurs parcelles.

Récoltes partagées

Bon Appétit Management, société gérante de cantines et de cafétérias d’entreprise est aussi responsable de 11 jardins. Le chef, Kent Buell, par exemple, supervise, depuis un an, les plantations d’une dizaine de variétés de tomates sur le campus du marchand d’articles électroniques Best Buy à Minneapolis. « Au début, nous avons vu 2 ou 3 personnes venir chaque jour s’asseoir et manger dans le jardin, se souvient-il. Maintenant, elles veulent aider. » La récolte est habituellement partagée entre mains vertes, distribuée à la cafétéria, ou envoyée aux bonnes œuvres locales.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT