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Les pratiques

AllemagneCoca-Cola Allemagne garantit l’emploi jusqu’en 2012

Les pratiques | publié le : 08.06.2010 | MARION LEO

La direction de Coca-Cola Erfrischungsgetränke et le syndicat NGG ont signé un accord collectif excluant tout licenciement pour motif économique jusqu’en 2012. Ce type d’accord reste rare pour des filiales allemandes d’entreprises américaines.

En Allemagne, pays de la cogestion, nombreuses sont les entreprises à avoir conclu, avec leur comité d’entreprise ou un syndicat, des accords sur la sécurité de l’emploi, prévoyant certaines concessions des salariés (réduction ou allongement du temps de travail, gel ou baisse des salaires) en échange d’une garantie de l’emploi limitée dans le temps (jusqu’à fin 2010 chez BASF, fin 2012 chez Bayer, fin 2014 chez Volkswagen, 2015 chez BMW, etc.).

Cinq accords collectifs pour 11 000 salariés

Dans les filiales allemandes de groupes américains, de tels accords sont en revanche nettement plus rares. C’est ainsi que l’annonce d’un compromis, signé le 29 mars 2010, par la direction de Coca-Cola Erfrischungsgetränke AG (CCE AG), principal producteur et distributeur en Allemagne des boissons du groupe américain The Coca-Cola Company, et le syndicat allemand de l’alimentaire et de la restauration (NGG), a retenu l’attention outre-Rhin. Ce jour-là, la direction de CCE et le syndicat NGG déclaraient avoir adopté les grandes lignes de 5 accords collectifs, valables pour les quelque 11 000 salariés du groupe américain en Allemagne.

L’accord principal prévoit une garantie de l’emploi jusqu’au 31 décembre 2012. En cas de surcapacités sur un site de production, les salariés concernés se verront proposer un nouveau poste au sein de l’entreprise dans la même région. L’accord collectif prévoit également le maintien de la flotte de camions de livraison détenue par l’entreprise et surnommée la « flotte rouge ». Les deux parties se sont également entendues sur d’autres mesures favorables à l’emploi, dont une utilisation active des dispositifs de préretraite progressive (Altersteilzeit) et des pouvoirs accrus pour les comités d’entreprise en cas de restructuration.

Rémunérations et temps de travail revus

En contrepartie, les salariés ont accepté, dans un autre accord collectif, un gel des salaires en 2010, légèrement compensé par le versement d’une prime unique de 200 euros en décembre prochain. En 2011, les salaires seront indexés sur l’inflation et assortis d’une nouvelle prime de 300 euros. Enfin, en 2012, les salaires progresseront de 2,3 %. Autre concession des salariés : l’entreprise pourra élargir jusqu’à 48 heures leur durée de travail hebdomadaire et les faire travailler certains samedis pour faire face aux pics de demande en été et avant Noël.

Obtenu à l’issue d’une dernière négociation marathon de quatre jours et quatre nuits, le compromis, selon un porte-parole, aidera l’entreprise à affronter la concurrence accrue sur le marché des boissons non alcoolisées, marqué par une intense guerre des prix et une pression exercée par les chaînes de discount, « en procédant aux ajustements de capacité nécessaires dans le cadre de mesures les plus sociales possibles ».

Un taux élevé de syndicalisation

Côté syndical, on met l’accent sur la garantie de l’emploi, arrachée à l’issue de « 8 rounds de négociations extrêmement difficiles ». « Cet accord n’aurait pas été possible sans les menaces de grèves préventives massives, qui auraient débuté, en cas d’échec des négociations, dès le 6 avril, sur les quelque 70 sites de CCE en Allemagne », précise Heinz Fusselbeck, en charge de Coca-Cola chez NGG. Selon le syndicaliste, l’enjeu des négo­ciations dépassait largement le cas présent. « Il en allait également du prestige des syndicats dans le monde entier », confie Heinz Fusselbeck. Coca-Cola n’a accepté à ce jour d’accorder une garantie de l’emploi qu’en Allemagne. « Un tel accord ne peut s’obtenir que par le biais d’un taux de syndicalisation élevé », conclut le syndicaliste, précisant qu’environ 65 % des salariés de Coca-Cola en Allemagne sont affiliés au syndicat NGG.

Auteur

  • MARION LEO