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Enquête

Permis de conduire, permis de lire

Enquête | publié le : 08.06.2010 | V. V.-L.

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Permis de conduire, permis de lire

Crédit photo V. V.-L.

Les onze jeunes salariés handicapés mentaux d’un établissement et service d’aide par le travail (Esat) de Haute-Loire progressent depuis deux ans dans leur apprentissage du français et des mathématiques, par le biais de la sécurité routière.

Les salariés handicapés des Esat (établissements et services d’aide par le travail), tout comme ceux des entreprises d’insertion constituent sans doute l’archétype du public en difficulté d’apprentissage. C’est pourquoi, en Haute-Loire, à la demande des entreprises, la logique d’élaboration de formations sur mesure aux savoirs de base a été poussée le plus loin possible par l’antenne du Puy-en-Velay de l’organisme FIT (Formation insertion travail).

Son offre est centrée sur la mobilité, comme fin et comme moyen : « Le code de la route et l’apprentissage de la conduite sont des outils formidables pour travailler sur les savoirs de base, assure Carole Bouguet, formatrice coordinatrice. On peut y aborder le vocabulaire, la syntaxe – comme par exemple la différence entre je peux et je dois –, la logique, le calcul mental, mais aussi l’orientation, l’observation, l’autonomie, la concentration… »

Depuis 2008, 11 salariés handicapés mentaux, pour la plupart âgés de moins de 25 ans, de l’Esat des Amis du plateau (Mazet-St-Voy), ont ainsi suivi ou suivent encore le parcours proposé par FIT. Plus récemment, un groupe de 4 jeunes salariés de l’entreprise adaptée l’Atelier du réservoir a aussi été constitué. Le coût pédagogique – variable selon les stagiaires – est financé à 70 % par Agefos-PME Auvergne, dans le cadre de son dispositif “savoirs de base et mobilité”.

A chacun son objectif

« Au démarrage de l’action, nous avons évalué chacun individuellement, tant au niveau des savoirs de base que sur le plan cognitif et sur la conduite », explique la formatrice. Le test de positionnement par rapport au français et aux mathématiques est basé sur la circulation automobile. Ainsi, tous les participants n’ont pas le même objectif : 8 d’entre eux souhaitaient passer le permis A, voire le B, afin de pouvoir conduire des véhicules de l’Esat pour son activité d’entretien d’espaces verts ; pour les 3 autres, il s’agit surtout de sécuriser, par la connaissance du code de la route, les trajets domicile-travail en “voiturette” sans permis, particulièrement utile dans ce secteur rural. Pour tous, c’est enfin développer l’autonomie et la confiance en soi.

Pour cet Esat très éloigné du Puy-en-Velay, les formateurs se déplacent, pour les sessions de 2 à 3 heures, deux fois par semaine, et pour une séance hebdomadaire de 3 heures de conduite. « Nous avons conçu des outils pédagogiques utilisant beaucoup le dessin et où tout est décomposé et expliqué, détaille Carole Bouguet. Pour la réglementation par exemple, pas question de laisser les personnes se débrouiller seules avec un livre. A partir d’images, nous décortiquons chaque situation pour les aider à comprendre puis à apprendre la règle. »

Autre spécificité liée à ce public : la durée de la formation, soit environ 130 heures pour le code de la route et jusqu’à 80 heures pour la conduite, étalées sur deux ans, voire plus. « Il faudrait que cela soit plus intensif, mais la difficulté vient du fait qu’ils suivent la formation sur leur temps de travail », note la formatrice. Et, par conséquent, deux seront bientôt prêts à passer le permis, sept sont encore en apprentissage, un est en arrêt maladie et un autre a abandonné.

Auteur

  • V. V.-L.