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L’économie de la générosité

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 08.06.2010 |

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L’économie de la générosité

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L’économie moderne s’est construite sur l’idée que l’échange est toujours marchand. L’individu, naturellement motivé par la satisfaction de son intérêt personnel, cherche à gagner plus pour acquérir davantage de biens. Pourtant, une tendance importante émerge dans la société d’aujourd’hui : l’économie de la générosité. Ce mouvement recouvre, bien sûr, le temps que les personnes passent pour servir une cause solidaire, mais aussi les réseaux d’entraide de quartiers, les dons pour réaliser un projet humanitaire ou éducatif, les compétences mises à disposition gratuitement pour enrichir un logiciel libre ou une encyclopédie en ligne.

Un restaurant de Berkeley, en Californie, fonctionne tous les dimanches de façon totalement gratuite. On y mange bien, tout est fait et servi par des bénévoles. A la fin du repas, l’addition affiche fièrement zéro dollar en vous expliquant que votre repas a été payé par un client précédent. Si le principe vous plaît, vous pouvez laisser sur la table de quoi inviter à votre tour d’autres convives.

L’idée est simple, en pratiquant la générosité, vous atteignez deux objectifs en même temps : d’abord, vous vous faites du bien à vous-même, car cette ouverture du cœur vous transforme progressivement et fait de vous une belle personne ; ensuite, vous contribuez à changer le monde en élargissant les pensées que nous entretenons sur l’économie. « Si tu veux changer le monde, disait Gandhi, deviens le changement que tu veux voir advenir. » Les recherches anthropologiques d’aujourd’hui viennent compléter la vérité de cette approche en disant : si tu veux changer le monde, change ta façon de penser sur le monde. Considérer un monde solidaire et bienveillant au lieu de ne croire qu’en la primauté du « chacun pour soi »; voir que les êtres humains sont généreux par nature, même si l’appât du gain développé dans nos économies occidentales en a perverti plus d’un. Oser une autre façon de se définir et d’agir… Pourquoi pas ?

L’esprit du web 2.0 vient enrichir la dynamique. Un réalisateur de documentaires met son projet en ligne et demande l’aide de bénévoles pour l’aider à interviewer, enregistrer, monter son film. Conquis par l’intérêt de son initiative, des inconnus lui donnent du matériel, d’autres du temps, les troisièmes lui facilitent les démarches grâce à leurs contacts. Un professeur propose de repeindre l’école au cours d’un week-end en faisant appel, en ligne, à tous les talents. Il y a ceux qui donneront des pots de peinture, d’autres qui viendront tenir le rouleau ou la brosse sous la coordination d’un chef de chantier… improvisé et bénévole. Et l’école sera rénovée. Un jeune de la génération Y lance un projet ambitieux et créatif sur le réseau social et fait appel aux fans d’informatique pour créer de petites applications qui simplifieront grandement le travail quotidien d’un centre d’accueil.

Derrière ces petits actes de générosité, chacun s’ouvre à lui-même, aux autres, fait partie d’un collectif qui a du sens et se sent fier de l’œuvre accomplie. Je suis sûre que ces mouvements vont s’étendre, car ils nous permettront de réinventer une autre façon de vivre et d’agir ensemble.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <www.lesaget.com>