Comme souvent, la fourchette est large. Mais que le mot d’ordre syndical ait convaincu 395 000 manifestants, selon le ministère de l’Intérieur, ou un million, selon la CGT et la CFDT, la mobilisation du 27 mai apparaît bien en demi-teinte. De telle sorte que l’affrontement majeur sur la retraite reste à venir.

En attendant, l’avant-projet de loi que le gouvernement enverra aux partenaires sociaux vers le 20 juin ne sera sans doute pas beaucoup modifié. Le ministre du Travail a appelé à la poursuite de la concertation. « Augmenter l’âge légal de départ à la retraite est la seule mesure qui respecte un principe fondamental de justice », affirme-t-il dans une tribune libre du quotidien Libération, le 28 mai.

Après la campagne d’information du gouvernement sur la réforme, le ministre entend répondre à l’argument du Parti socialiste et des syndicats, notamment la CFDT, selon lesquels la mesure est inéquitable car obligeant des salariés ayant déjà la durée de cotisation requise à continuer de travailler au-delà du nombre de trimestres nécessaires.

Selon Eric Woerth, se contenter d’augmenter la durée de cotisation conduirait à ne faire porter l’effort que sur des salariés qui ont fait des études longues, ou qui ont eu le plus de mal à entrer sur le marché du travail (travail précaire, ­ petits boulots…). Il rappelle le dispositif carrières longues obtenu par la CFDT en 2003 (celui-ci ne concerne qu’une partie des salariés ayant cotisé tous leurs trimestres avant 60 ans).

Le 31 mai, en déplacement dans un établissement normand de Snecma, il devait par ailleurs évoquer l’emploi des seniors et la pénibilité.