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Des centres de services RH pour chaque métier

Enquête | publié le : 01.06.2010 | HÉLÈNE TRUFFAUT

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Des centres de services RH pour chaque métier

Crédit photo HÉLÈNE TRUFFAUT

Le groupe réfléchit à un projet d’optimisation de sa filière de gestion administrative du personnel et de la paie, qui s’appuiera sur des centres de services RH « métiérisés ». A la clé : une réduction des coûts de 20 %, mais un volet social difficile à ficeler.

Avec son projet “Performance de la gestion administrative du personnel et de la paie” (Gapp), La Poste vise trois objectifs. D’abord, l’amélioration de la qualité de service. « Le système actuel n’est pas mauvais, mais ne tend pas sans efforts vers la qualité », commente Alain Raguenaud, directeur du projet Gapp. Il s’agit ensuite de simplifier l’organisation d’une filière très morcelée, forte de 4100 postes. Et enfin – La Poste ne s’en cache pas –, d’en réduire les coûts de 20 %. « Une mesure nécessaire pour atteindre le niveau de performance constaté sur cette activité dans des entreprises de taille comparable à la nôtre. »

Le projet, dont la mise en œuvre est prévue fin 2011-début 2012, a fait l’objet d’une première réunion de concertation avec les organisations syndicales en février dernier. Sa réalisation passera par la création de centres de services RH (CSRH) qui fusionneront deux échelons aujourd’hui dissociés : les unités de gestion RH (UGRH), entités de taille réduite chargées, au niveau local, de la gestion administrative du personnel en relation avec les managers ; et les 21 centres interdépartementaux de gestion administrative et de paie (Cigap), qui s’occupent des rémunérations.

Concentrer les compétences

« Les Cigap sont déjà des centres de services partagés, justifie Alain Raguenaud. L’idée est d’étendre cette logique à l’ensemble du processus. L’intérêt étant de concentrer l’ensemble des compétences nécessaires dans le cadre d’une organisation plus performante. » Disséminées sur l’ensemble du territoire, les UGRH sont, de fait, vouées à disparaître. « Le volet social du projet est complexe, convient le responsable, qui travaille à la cartographie des implantations. Plusieurs scénarios sont envisagés, rien n’est encore arrêté. »

Seuls engagements pris pour l’instant : « Il y aura un CSRH dans toutes les villes qui comptent un Cigap. Et il n’y aura plus aucune fermeture de Cigap tant que tout ne sera pas mis au point. » Trois ont été fermés dernièrement à Marseille, Orléans et Maisons Alfort. Reste à savoir quel seront le nombre et le dimensionnement des nouvelles structures – une fourchette de 60 à 80 agents est avancée par certains syndicats –, ainsi que l’effectif final de la filière. Sur ce point, La Poste ne s’avance guère. « Nous déterminerons les effectifs nécessaires dès lors que nous aurons défini l’organisation cible. Nous ne partons pas d’un objectif a priori de réduction de postes. » Et Alain Raguenaud d’insister sur l’importance du modèle social de La Poste : « Il n’y aura ni licenciement, ni vaste mouvement de mobilité géographique. De nombreux collaborateurs resteront sur leur site actuel, d’autres pourront se déplacer. D’autres, enfin, se verront proposer un reclassement local. »

Dématérialisation des processus

La filière bénéficiera, par ailleurs, d’un système d’information rénové reposant sur une nouvelle version d’HR Access. A la clé, de nouveaux outils pour les managers, une dématérialisation des processus et la fin des ressaisies. Particularité du dispositif : les CSRH seront « métiérisés », c’est-à-dire intégrés à l’un ou l’autre des quatre grands métiers de La Poste : services financiers, courrier, colis, bureaux de poste. Une évolution logique pour des activités jouissant d’ores et déjà d’une autonomie, estime Alain Raguenaud. Mais qui s’effectuera dans certaines limites : « La Poste est l’employeur unique, rappelle-t-il. Nous avons un corpus de règles de gestion du personnel commun à l’ensemble du groupe. Il en sera de même pour l’outil informatique qui prendra toutefois en compte certaines spécificités des métiers comme l’organisation du travail ou certains accords sociaux. »

Conventions de services

Enfin, les relations entre les CSRH et leur client interne prendra certainement la forme de conventions de services, comme il en existe déjà entre les Cigap et les métiers pour lesquels ils travaillent. « Il nous faudra aussi définir leur lien avec la DRH groupe », conclut le directeur du projet.

Une organisation encore très floue, qui suscite l’inquiétude des syndicats. « Le dispositif actuel n’est déjà pas satisfaisant en termes tant de proximité que de qualité de service, estime Yolande Gaffié, secrétaire fédérale de la CGT FAPT (secteur des activités postales et de télécommunications). Or La Poste entend améliorer la qualité à partir d’un objectif de réduction des coûts, en supprimant un niveau de proximité. Ce qui va éloigner un peu plus les postiers de leur gestion RH. » Autre crainte de la CGT : l’éventuelle remise en cause des règles communes pour tous les postiers.

L’idée de créer un GIE pour la gestion du personnel, ce qui aurait ensuite facilité son externalisation un temps évoquée, a, depuis, été abandonnée.

LA POSTE

• Activités : services postaux et financiers.

• Effectifs : 287 000 salariés.

• Chiffre d’affaires 2009 : 20,5 milliards d’euros.

Auteur

  • HÉLÈNE TRUFFAUT