E & C : Le Cercle des DRH a réalisé une enquête* sur les incidences de la réforme de la représentativité syndicale induite par la loi du 20 août 2008. Quels en sont les principaux résultats ?

S. N.: La grande majorité de l’échantillon souligne, tout d’abord, que la loi n’a pas eu d’incidence sur la performance de leur entreprise ; 44 % des DRH ne notent pas de changement dans leurs relations avec les syndicats, mais 41 % concluent que la réforme a généré une surenchère liée aux enjeux électoraux. Dès lors, l’échantillon observe une transformation des élections professionnelles, devenues plus politiques (31 %), plus conflictuelles (22 %), et sources de revendications nouvelles (28 %). In fine, le dialogue social est jugé plus rigide, mais producteur de davantage d’accords. En outre, les DRH observent que les syndicats s’invitent désormais sur des sujets liés à l’organisation de l’entreprise et à la santé au travail.

E & C : Quelle lecture en faites-vous ?

S. N.: La réalité des rapports sociaux, au lendemain de cette réforme, est finalement moins noire que supposée. Désormais, les urnes sont un enjeu vital pour tous les syndicats, qui entrent véritablement en campagne. Auparavant, il y avait les poids-lourds, convaincus de l’obtention de la majorité aux suffrages, et les autres qui, avec un score minimal, jouaient sur leur présomption de représentativité.

E & C : Qu’en concluez-vous ?

S. N.: Les DRH du Cercle estiment que le paysage est mûr pour tendre vers une instance unique de concertation et de négociation. Orientation que ne suivent pas pour l’instant les représentants du ministère du Travail, à qui nous avons présenté les résultats. Pour eux, ce sujet doit d’abord être débattu entre partenaires sociaux. Ils préfèrent, pour l’heure, sécuriser cette réforme sur le volet des TPE.