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Enquête

« On sous-estime la connaissance du salarié sur son travail »

Enquête | L’entretien avec | publié le : 25.05.2010 | V. L.

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« On sous-estime la connaissance du salarié sur son travail »

Crédit photo V. L.

E & C : En quoi les méthodes de simulation du travail sont-elles intéressantes pour prévenir les TMS ?

R. C. : Grâce à la simulation du travail futur, on anticipe au plus tôt les effets de la transformation du travail, avant que les décisions prises ne soient irréversibles. Et, en matière de TMS, une part importante de la prévention se joue lors de transformations. De plus, on va pouvoir prendre en compte le facteur humain, et concevoir des systèmes adaptés à la réalité du travail, alors que, souvent, on conçoit à partir d’une représentation erronée de l’activité réelle. On oublie par exemple les variabilités et les aléas auxquels sont soumis les salariés. Souvent aussi, on ne perçoit pas certains dysfonctionnements existants, car le salarié les régule lui-même, parfois au détriment de sa santé. Il faut donc se donner les moyens de comprendre ce qui se passe réellement.

Simuler permet également de travailler sur une approche multifactorielle des TMS, avec l’analyse des équipements, des gestes, de la cadence, des poids portés, de l’évolution du contenu et de l’intérêt de l’activité, des possibilités de coopération, etc.

E & C : Qu’apportent la vision et la parole du salarié sur son travail, à la construction de la démarche de prévention ?

R. C. : Nous avons remarqué que l’on sous-estime la connaissance que détient le salarié sur son travail. On s’aperçoit que, lors des projets de conception, c’est la logique de l’ingénieur qui l’emporte car on la maîtrise mieux. Il est moins habituel d’intégrer la dimension humaine du travail. Et pourtant, les enseignements montrent toujours que, si l’on mobilise la connaissance du salarié, cela accroît la performance économique et sociale, on limite la prise de risques et les coûts supplémentaires de réaménagements.

E & C : Quelles formes peuvent prendre les outils de simulation ?

R. C. :Les méthodes de simulation permettent avant tout de créer des espaces de discussion entre les concepteurs et les salariés, et ce, avec un langage commun : le travail réel. Il existe toute une gamme de supports de simulation, des plus simples aux plus complexes. Cela peut aller de la maquette en bois d’un poste de finition, à l’échelle réelle, et jusqu’à l’utilisation d’une plate-forme de réalité virtuelle, dans laquelle peuvent évoluer un mannequin numérique ou un salarié bien vivant. On peut modéliser toute une ligne de fabrication, un simple poste de travail, ou un concept d’équipement de travail. Pendant un an, nous avons travaillé avec des Aract et nos partenaires danois et hollandais sur ce type d’approche. Il ne concerne pas que la simulation du risque TMS, mais va bien au-delà : simuler le fonctionnement des espaces, les cadences sur un projet d’automatisation, un changement d’organisation sur un projet informatique, ou encore l’évolution des compétences futures…

Nous avons organisé un colloque, en décembre 2009, pour rendre compte de ces travaux. Et, depuis peu, un dossier web* est à la disposition des entreprises, des CHSCT et des préventeurs. Différentes méthodes de simulation expérimentées en PME y sont décrites de façon très concrète. Ces dernières connaissent encore trop peu ces démarches, pourtant peu coûteuses et efficaces.

Accessible sur <www.anact.fr>, avec des présentations du colloque cité.

Auteur

  • V. L.