E & C : L’AFMD* vient de faire dix propositions pour l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi. Quelles en sont les principales ?

A. D. : Pour développer des passerelles avec les acteurs de l’insertion, nous proposons plusieurs dispositifs. Par exemple, encourager le “détachement” en entreprise de personnes en contrat d’insertion; – mise à disposition à but non lucratif. Le contrat d’insertion serait suspendu pendant la période passée en entreprise et pourrait ainsi se prolonger au-delà des vingt-quatre mois légaux. Nous proposons aussi de créer des structures mixtes entreprises adaptées-entreprises d’insertion (EI). Aujourd’hui, celles-ci sont souvent en concurrence vis-à-vis des services achats des entreprises, qui privilégient le secteur protégé afin de remplir leur obligation légale, alors que nombre de salariés handicapés travaillent dans des EI. Nous incitons également les entreprises à traduire la clause sociale des marchés publics en clause sociale privée et à demander à leurs prestataires de réserver un pourcentage du marché aux entreprises d’insertion.

E & C : Les entreprises sont-elles prêtes à intégrer des personnes en insertion ?

A. D. : Certaines ont déjà mis en place des dispositifs parfois très innovants. L’AFMD a d’ailleurs recensé une série de bonnes pratiques en matière d’insertion. C’est dans l’intérêt des entreprises de se pencher sur cette question. Elles risquent d’être confrontées, à moyen terme, à une pénurie de main-d’œuvre et il faudra qu’elles soient prêtes à accueillir tous les talents où qu’ils se trouvent. La responsabilité sociale des entreprises se vit aujourd’hui sur le mode de la citoyenneté et de l’engagement. Enfin, mieux vaut avancer de manière volontaire si l’on veut éviter d’y être un jour contraint.