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Enquête

Total Développement Régional, le bras armé de la revitalisation

Enquête | publié le : 11.05.2010 | AURORE DOHY

Le groupe pétrolier, qui affirme sa volonté de ne pas laisser de « terres brûlées » derrière lui, dispose de TDR, une filiale dédiée au soutien à l’emploi local.

Officiellement baptisée Total Développement Régional (TDR) en 2006, le dispositif de soutien aux PME du groupe Total est né à Pau, en 1978. Alors Société de financement régional d’Elf Aquitaine (Sofrea), elle a pour vocation de préparer la reconversion du site gazier de Lacq qui entre dans sa dernière ligne droite. La fusion entre Total et Elf consacre l’élargissement de cette mission initiale au développement régional. « Le grou-pe Total bénéficie du savoir-faire et des compétences des territoires dans lesquels il est implanté, explique Yves Tournié, le directeur de TDR. Au-delà de notre souci de ne pas laisser de “terres brûlées” lorsque nous quittons un lieu d’implantation, il nous paraît nécessaire de contribuer à la croissance de ces mêmes territoires. »

Implantation de nouvelles activités

En l’espace de trente ans, l’ex-Sofrea a ainsi soutenu 2 500 PME et consenti 270 millions d’euros de prêts. Son action aurait permis le maintien ou la création de 50 000 emplois sur les territoires où le groupe est présent, dont 3 000 sur le seul bassin d’emploi de Lacq, dans le secteur de la chimie fine. « Les acteurs historiques du bassin de Lacq, parmi lesquels Total ou Pechiney, ont en effet toujours eu la volonté d’anticiper leur retrait, notamment en favorisant l’implantation de nouvelles activités industrielles », souligne Thierry Gontier, le secrétaire du syndicat CFDT Chimie Energie Adour Pyrénées. Depuis l’introduction des conventions de revitalisation en 2005, le positionnement et la boîte à outils (lire ci-dessous) de TDR en font également l’interlocuteur privilégié de l’administration.

Deux conventions avec l’Etat

Alors même que ces restructurations sont réalisées sans licenciements secs – Total n’a, de ce fait, pas d’obligation légale de revitalisation –, TDR a signé à ce jour deux conventions avec l’Etat : en décembre 2005 à Saint-Auban (04), pour le compte d’Arkema, et en mars 2007 à Carling (57), pour le compte de Total Petrochemicals. « La signature d’une convention de revitali-sation nous permet de mieux -cadrer notre action et de formaliser nos pratiques d’accompagnement des restructurations », explique Yves Tournié.

Alors que la convention signée à Carling arrive à échéance cette année, le directeur de TDR se réjouit du premier bilan : grâce aux prêts accordés (2,11 millions d’euros), 443 emplois sont aujourd’hui créés ou en passe de l’être sur le bassin d’emploi de Saint-Avold, soit 143 de plus que les objectifs fixés par la convention. Le futur Composite Park* qui a reçu 1,3 million d’euros de dotation de Total et dont l’inauguration est prévue pour septembre pourrait, en outre, aboutir à la création de 250 emplois.

S’il reconnaît l’importance des moyens mis en œuvre par TDR, Khalid Benhammou, le DCS CFE-CGC du site de Carling jusqu’en mars dernier, déplore l’opacité de la procédure : « La convention a été signée en cati-mini avec le préfet. Nous avons toujours dû nous battre pour obtenir des informations. Comme il n’existe pas non plus de commission de suivi, il est difficile de faire une lecture critique des actions menées. » Alors que Total a annoncé, le 8 mars dernier, l’arrêt de l’activité de raffinage de son site de Dunkerque (59) et son projet de création d’une activité d’assistance industrielle, Yves Tournié sait d’ores et déjà que TDR sera sollicité. « Bien qu’aucun PSE n’ait été finalisé à ce jour, nous participons dès à présent aux tables rondes organisées avec les pouvoirs publics afin de déterminer l’impact réel sur l’emploi local de ce projet industriel », précise-t-il. Le site de Dunkerque compte 370 salariés, et près de 400 sous-traitants y travaillent chaque jour.

* Pôle technologique lorrain dédié aux composites et à la plasturgie.

La boîte à outils de Total Développement Régional (TDR)

→ L’appui financier. TDR propose des prêts de 20 000 à 50 000 euros sans garantie et sans frais de dossier à des entreprises de plus de 5 salariés qui ont besoin de renforcer leurs fonds propres ou de financer des investissements. La signature de Total peut venir en appui afin de faciliter l’obtention d’un prêt bancaire ; 150 entreprises en bénéficient chaque année.

→ L’accompagnement international. La présence du groupe Total dans 130 pays permet à TDR de mettre à disposition des PME qui souhaitent exporter ou prospecter de nouveaux marchés à l’étranger, des bureaux et des moyens logistiques, en particulier pour accueillir des volontaires internationaux en entreprise (VIE). Au cours des deux dernières années, 447 entreprises ont profité de cette possibilité.

→ L’appui technologique et le partage de compétences. Les PME qui ont besoin d’un laboratoire d’essai peuvent utiliser les laboratoires de recherche de Total et bénéficier des conseils des experts du groupe. Il ne leur est facturé que le temps d’utilisation. Environ 60 entreprises sont ainsi accompagnées tous les ans.

TOTAL

• Activité : énergie.

• Effectifs : 96 950 salariés, dont 36 800 en France.

• Chiffre d’affaires 2009 : 131,32 milliards d’euros.

Auteur

  • AURORE DOHY