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Les pratiques

Sciences Po certifie Orange

Les pratiques | publié le : 04.05.2010 |

170 formateurs internes d'Orange ont été certifiés par l'Institut d'études politiques de Paris depuis 2008. Une soixantaine sont engagés pour la prochaine promotion de juin 2010.

En janvier dernier, 67 formateurs internes d'Orange (qui sont pour la plupart sur les métiers de la relation clients) ont reçu un certificat d'animateur-formateur de la part de Sciences Po. Ce qui porte le total à 170, sur les 243 formateurs internes d'Orange qui ont fait acte de candidature depuis que l'opération a débuté en 2008. Soit un taux de réussite de 70 %.

Depuis le printemps 2008, les 1 800 formateurs internes d'Orange (devenue depuis 2006 la marque unique de France Télécom pour l'Internet, la télévision et le mobile) ont en effet la possibilité d'intégrer ce dispositif de certification d'animateur-formateur mis en place par l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris et la direction de la formation et du développement professionnel d'Orange. Objectif majeur de celle-ci : « Reconnaître et valoriser, en les certifiant, les compétences et les acquis des formateurs et contribuer à leur professionnalisation, explique Marie-José Ruaudel, directrice de la formation et du développement professionnel d'Orange. Mais c'est une démarche strictement basée sur le volontariat. » Elle est cependant chargée d'enjeux car plus de la moitié de l'effort de formation d'Orange France est aujourd'hui réalisé par des formateurs internes. Sur les 1 800 formateurs, près de 300 sont à temps plein, la majorité sont des spécialistes internes qui consacrent de 20 % à 50 % de leur temps à la formation.

Passage du «grand oral»

Les candidats à la certification doivent avoir deux ans d'ancienneté dans la fonction de formateur, à raison de 20 % minimum de cette activité sur leur temps de travail. Ils suivent cinq modules de formation à la pédagogie dispensés en interne par la direction de la formation et du développement professionnel. Puis bénéficient d'un coaching individuel avant de passer un «grand oral» blanc devant leur supérieur hiérarchique et des représentants des écoles métiers d'Orange. Enfin, ils passent le fameux «grand oral» à Sciences Po devant un jury de trois membres, dont deux sont des personnels d'Orange (directions métiers, ingénieurs de formation) et un représentant de Sciences Po.

Durant trente minutes, les candidats sont mis en situation d'animation de formation à partir d'un sujet tiré au sort. Puis un entretien de vingt minutes permet au jury d'évaluer leurs compétences pédagogiques et de valider leur maîtrise des aspects juridiques de la formation. La direction de la formation d'Orange assure que le coût de l'opération est relativement modeste, car il comporte surtout le coût de réunion du jury, toutes les formations préalables étant réalisées par Orange.

Une communauté professionnelle

Bilan ? « La collaboration avec Sciences Po est excellente. Cette démarche favorise le sentiment d'appartenance des formateurs à une véritable communauté professionnelle, au service de la transformation et de la performance du groupe, poursuit Marie-José Ruaudel. Le processus certifie les capacités du formateur à définir un objectif pédagogique ; à formaliser des séquences pédagogiques ; à animer les formations et à évaluer les apprentissages ; enfin, à être garant du respect du cadre légal de la formation professionnelle. L'objectif n'est pas d'atteindre 100 % de formateurs internes certifiés ; mais un niveau de 20 % à 30 % à terme, ce serait intéressant. »

En revanche, cette certification n'entraîne pas d'augmentation de salaire ni de mobilité automatique ; « simplement, elle ouvre des opportunités ». Pour l'heure, reconnaît quand même Marie-José Ruaudel, elles ont été assez rares.

Pourquoi avoir choisi Sciences Po à l'origine ? En fait, l'entreprise a lancé un appel d'offres auprès de l'université de Lyon, des Greta, de l'Afpa, de l'EM Lyon et de l'IEP de Paris en avril 2008. En mai, elle a choisi d'opter pour deux certifications (animateur, concepteur) à « forte image de marque », purement privées et construites expressément par Sciences Po pour France Télécom. Avec l'idée que ces certifications pouvaient conduire à un titre de «responsable de projets de formation» du Cnam, qui, lui, est inscrit au Registre national des certifications professionnelles (RNCP). Marie-José Ruaudel assure que cette possibilité est toujours d'actualité dans la politique d'Orange et que quelques certifiés pourraient s'y engager en 2010.

Suite à cette opération jugée réussie avec les formateurs internes de la direction de la formation et des métiers de la relation clients, Orange prévoit désormais de construire une démarche similaire pour ses formateurs techniques.

Céline Ritel DRH de Norsys

« Toute démarche visant à rapprocher les entreprises du monde universitaire est positive. En tant que DRH, j'y suis sensible et je soutiens ce genre d'initiatives.

L'opération Orange-Science Po ne porte pas, me semble-t-il, uniquement sur une question de reconnaissance des compétences individuelles, mais aussi sur la construction d'une dynamique d'ensemble. En fait, cette certification et les modules de formation qui lui sont associés au besoin bâtissent une sorte d'«école interne», dans laquelle transfert des compétences métiers et transfert des valeurs de l'entreprises sont associés : c'est tout à fait intéressant.

Bien évidemment, l'opération Orange-Sciences Po porte également sur l'association de deux images de marque très fortes, qui développeront peut-être d'autres relations à l'avenir, mais dans laquelle nombre de PME n'oseront peut-être pas se reconnaître ou se projeter. Mais cela n'empêche pas d'être actif sur le terrain des écoles internes et des relations entreprises-écoles !

Ainsi, chez Norsys, nous mettons sur pied, dès que possible, des opérations de recherche et développement en partenariat avec des labos universitaires, et nous sommes également associés au montage de plusieurs masters. Au sein de notre université d'entreprise, nous réalisons de nombreuses expérimentations en matière de formation. Nous avons également construit une école interne nommée Easy maker portant uniquement sur les compétences en relations humaines : écoute, adaptabilité, créativité... Une école construite avec les salariés et les clients ! Depuis trois ans, 100 salariés, sur les 220 que compte l'entreprise, y sont passés et les bénéfices se traduisent en désir de mobilité, de prise d'initiative. Bilan : 69 % des salariés qui n'y sont pas encore allés veulent y accéder ; et les clients exigent de plus en plus d'avoir des interlocuteurs passés par cette école interne !

Toutes les entreprises peuvent mener ce genre d'opération, il faut les y encourager et les valoriser. »