logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

États-Unis La belle vie à l'US Navy

Les pratiques | publié le : 04.05.2010 |

La marine américaine développe des programmes de formation, des initiatives en faveur de la famille et même des offres de télétravail pour attirer et garder les meilleurs recrues.

And the winner is... Surprise, cette année, l'US Navy rafle le prix Optimas de la meilleure politique de ressources humaines, décerné par le principal magazine spécialisé américain Workforce Management, à la barbe des entreprises privées.

En 2009, l'année de la grande récession, les groupes américains ont licencié, délocalisé, réduit les horaires de travail... bref, ils ont organisé la survie plus que la belle vie en entreprise. Et lorsque les experts de Workforce Management ont cherché qui méritait finalement leur prix, l'employeur modèle s'est donc révélé être sous les drapeaux. Car l'US Navy s'occupe de mieux en mieux de ses 330 000 marins.

« Nous sommes à la recherche de personnels ayant de fortes compétences techniques, explique Stephanie Miller, directrice de la task force vie-travail à la Navy. Nos marins officient dans des sous-marins, ils peuvent lancer des missiles nucléaires, ils gèrent des machines complexes... Nous devons donc nous battre de plus en plus avec le privé pour les recruter et les garder. »

L'US Navy a enquêté auprès de ses jeunes recrues et découvert en 2007 que le taux de rétention des femmes et des minorités était moins bon que celui des hommes blancs : 80 % des hommes se réengagent, contre seulement 40 % à 50 % chez les femmes car le travail quotidien empiète trop sur leur vie privée.

Des mesures attractives

Pour garder ces jeunes recrues, la direction de l'US Navy a décidé d'ajuster le tir. Autrefois, les femmes qui accouchaient pouvaient rester à terre tout juste quatre mois. Maintenant, la marine leur donne un an « pour allaiter leur bébé, se rapprocher de l'enfant, organiser sa garde », explique Stephanie Miller. Les parents qui adoptent ont droit à trois semaines de congé payé supplémentaires et les nouveaux pères gagnent dix jours.

L'US Navy propose également des congés sabbatiques. Les marins désireux de tenter l'aventure ailleurs conservent durant trois ans au maximum leur assurance santé et bénéficient de tous les équipements (salle de gym, piscine...) sur la base la plus proche. La formule, très récente, qui vise à garder le contact avec les anciens, a pour l'instant été utilisée par seulement 5 engagés. Mais Stephanie Miller a déjà de nouvelles demandes sur son bureau.

La responsable des programmes vie-travail a aussi lancé le télétravail : 2 000 marins restent aujourd'hui chez eux, derrière leur ordinateur, un à deux jours par semaine. Mieux encore, deux douzaines d'engagés s'essaient à «la commande virtuelle». Plutôt que de déménager tous les deux ou trois ans au gré des mutations, ils changent virtuellement de base, mais restent dans leur ancien logement et effectuent le plus gros de leur travail à distance. La Navy veille aussi aux carrières et aux promotions en multipliant les programmes de formation. « Nous avons une culture de l'apprentissage, dit le capitaine Jon Picker, du Centre de développement professionnel. Nous ne pouvons pas débaucher dans le privé nos cadres supérieurs, car les salaires de la Navy sont trop faibles. Du coup, on forme les marins pour en faire les leaders de demain. » Les nouveaux engagés se voient ainsi proposer, au bout d'un an de présence, 4 000 dollars par an pour poursuivre leurs études en dehors des heures de travail. Des conseillers d'éducation installés sur les bases aident les marins dans cette démarche. Et 18 % d'entre eux, soit 57 000 volontaires, suivent des cours dans les écoles de la base, sur leur bateau, dans les universités les plus proches, ou encore sur Internet.

Nouveaux diplômés

L'US Navy se vante ainsi d'avoir, chaque année, 5 000 nouveaux diplômés du niveau Deug ; 3 600 titulaires d'une maîtrise ; 850 masters et 18 docteurs ayant leur Ph. D. en poche. Cette formation supérieure, assure Joyce Murphy, responsable des bourses d'études, « améliore le moral des troupes, renforce la confiance en soi et assure une promotion plus rapide. Et, en prime, quand le marin quitte la Navy, il se vend beaucoup mieux ».

Ces efforts de formation tous azimuts et la nouvelle souplesse de l'institution ne sont pas passés inaperçus. L'US Navy n'est plus seulement la favorite du magazine Navy Times. La revue Working Mother, la mère au travail, apprécie, elle aussi, et l'a fait savoir dans ses colonnes.