Les mauvaises langues disent que la fonction va disparaître, car l'essentiel peut être externalisé et le reste n'est pas indispensable. Effectivement, si l'on considère l'entreprise comme un Meccano, ce scénario est plausible. On enlève des pièces, on les dispose autrement. Mais si c'est un organisme vivant, dont la vitalité dépend des personnes qui le composent, alors rien n'est moins sûr. Même si les fonctions administratives de la DRH sont de plus en plus assurées par des spécialistes extérieurs, d'autres fonctions vitales vont monter en puissance.
Nous sommes dans un monde où la performance se fera essentiellement par les personnes. Demain, l'entreprise ne sera plus identifiée seulement par ses produits ou ses services, elle vendra surtout du lien, de la relation : elle communiquera avec ses clients ou prospects, animera des communautés de partenaires, prescripteurs, fournisseurs, utilisateurs, et tous ces acteurs joueront un rôle actif dans l'appréciation des produits. Sur les plans humain et relationnel, ce sera plus exigeant : managers et collaborateurs devront adopter une attitude d'écoute, de cocréation et de service au sein de leur écosystème. Et s'appliquer les mêmes règles en interne. Attirer des contributeurs talentueux, les motiver, les développer et les fidéliser ne s'improvisera pas. Une telle cohérence se construit sur la durée.
Que fera le DRH du futur que personne d'autre ne peut assurer mieux que lui ? Dynamiser la culture d'entreprise, ce liant inestimable qui fait réaliser des prouesses à des gens ordinaires, parce qu'ils partagent les mêmes valeurs, la même fierté et la même culture de travail. Oser faire évoluer cette culture et la propulser vers l'avenir, en transformant ce qui pourrait la scléroser. Dans les turbulences que traverse aussi l'entreprise, savoir donner des repères et maintenir la confiance, à l'image du gardien de phare.
Stimuler l'innovation et la performance en faisant appel à l'intelligence collective. Animer avec détermination et enthousiasme des processus participatifs de grande ampleur, coconstruire des solutions, atténuer les hiérarchies. A tous les niveaux de l'entreprise, aider les personnes à découvrir et à pratiquer le pouvoir partagé.
Repenser l'espace de travail et les organisations de demain : l'entreprise sans frontières, multicultures, multiespaces, intégrant des équipes à distance, du télétravail, des activités en régie, des espaces de coworking. Les juristes seront très occupés, car une multitude de contrats différents cohabiteront !
Faire collaborer des communautés humaines de plus en plus diverses et expertes, tout en leur faisant partager le goût de l'écoute et du dialogue. Précisons que ce travail ne se fera pas aux étages des états-majors, mais sur le terrain, en proximité.
Former des personnes communicantes, solides, épanouies et pas seulement des experts compétents. Entraîner les personnes à la coopération, aux équipes éphémères, aux changements de rôles selon les projets. L'art de la performance viendra en grande partie de ces dynamiques humaines mieux maîtrisées. Qui mieux que les DRH peuvent honorer cette responsabilité ?
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <
