Rares sont les entreprises dans lesquelles se tromper n’est pas une faute. Chez quelques pionnières, toutefois, le risque est permis et l’échec source de savoir. Une condition nécessaire aux initiatives audacieuses.
Si Christophe Colomb ne s’était pas trompé dans ses calculs, jamais il n’aurait découvert l’Amérique. Et si le chimiste Spencer Silver n’avait pas échoué dans la préparation d’une nouvelle colle forte, les Post-it n’inonderaient pas aujourd’hui nos bureaux ! L’innovation naît parfois des erreurs de ses géniteurs. Épingler la faute peut tuer toute velléité créative. Sans tolérance à l’erreur, pas d’action courageuse.
Des évidences que même l’Éducation nationale, longtemps accusée de blâmer plus que d’encourager les élèves en difficulté, semble aujourd’hui admettre. L’erreur fait partie de l’apprentissage et l’accepter permet de lutter contre l’échec scolaire, rappelle-t-elle désormais à longueur de circulaires. Les entreprises, pas plus enclines à se montrer open, commencent à adopter un management plus libéré, moins culpabilisant. Dans les sociétés américaines ou d’Europe du Nord, le droit à l’erreur va quasiment de soi. 3M, la société qui fabrique et commercialise les Post-it, l’a édicté au travers d’une charte. À l’occasion de failures parties, le laboratoire américain Eli Lilly décerne même le prix des meilleures erreurs, celles qui ont permis d’avancer et d’ouvrir d’autres horizons.
En France, même si l’accord national interprofessionnel sur la qualité de vie au travail de 2013 a instauré le droit à l’erreur, rares sont les entreprises qui ont osé autoriser le salarié à se tromper sans lui coller un bonnet d’âne. «Nous évoluons dans une culture du risque, pas de l’opportunité, souligne Olivier Bouleau, coach et coauteur d’Oser. Le guide pratique (voir également page 23). Le Français est un penseur, il analyse avant de se lancer alors que le Québécois, par exemple, est un faiseur: il agit et après il voit si ça marche ou pas. Nous devons réapprendre à nous dire “c’est pas grave”.»