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Questions sans réponse sur le potentiel d’emplois de l’économie dite circulaire

Liaisons Sociales Magazine | Relations Sociales | publié le : 22.06.2015 | Stéphane Béchaux

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Une étude bibliographique menée par l’Institut de l’économie circulaire tente d’évaluer le potentiel d’emplois du secteur. Elle chiffre à 600000 les postes relevant déjà de cette activité. Mais s’avoue incapable de mesurer les emplois susceptibles d’être créés.

Evaluer le potentiel d’emplois des métiers dit « verts » relève décidément du casse-tête. Le Conseil économique, social et environnemental s’y était déjà tout récemment cassé les dents. C’est maintenant au tour de l’Institut de l’économie circulaire, une association militante présidée par le député EELV des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert, d’en faire les frais. L’organisme avait confié à deux chercheurs, Adrian Deboutière et Laurent Georgeault, le soin de mener des travaux visant à mesurer les effets bénéfiques à attendre, ou non, du développement de « l’économie circulaire ». En vain.

Première du genre, leur étude bibliographique précise, au préalable, les contours de cette économie dite circulaire, qui ne bénéficie d’aucune définition communément admise. Les chercheurs retiennent celle adoptée par l’Ademe. À savoir « un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en permettant le développement du bien être des individus ».

Résultat, le concept a beau être novateur, il englobe déjà de très nombreuses activités productives. Ainsi, les deux chercheurs évaluent à environ 600000 le nombre d’emplois dans l’Hexagone relevant déjà de ce très hétéroclite secteur. Ce chiffre inclut les métiers du recyclage (entre 29500 et 79000 postes), ceux liés au réemploi et à la réutilisation (18400), la réparation (150000), l’approvisionnement durable et l’économie verte (378900). Mais il exclut les activités liées à l’écoconception et l’économie de la fonctionnalité, dont le nombre d’emplois reste à ce jour inconnu.

Insuffisance des connaissances

Les deux chercheurs s’efforcent ensuite d’estimer – tâche encore plus ardue ! – le potentiel de développement de cette économie circulaire. Sans y parvenir. « L'extrapolation à la France d’une étude commandée par la Commission européenne en 2012 indique qu’une réduction substantielle de notre consommation en ressources naturelles permettrait de créer entre 200000 et 400000 emplois supplémentaires », relèvent-ils. Mais tout en refusant de s'engager plus avant sur les effets à attendre. « Cette étude conclut sur l’insuffisance des connaissances du potentiel « emplois » de l’économie circulaire en France, susceptible de nous faire manquer des opportunités économiques importantes », notent les deux auteurs.

Un brouillard que d’autres pays ont, eux, commencé à éclaircir. Notamment le Royaume-Uni, qui évalue le potentiel de cette activité à 500000 emplois. D’autres Etats s’y essaient aussi, souvent par petits bouts. Le rapport contient un instructif tableau sur les projections déjà menées à l’étranger sur certains sous-secteurs. L’Australie, la Suède, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Afrique du sud ou les Etats-Unis disposent ainsi de données, souvent potentiellement prometteuses.

Auteur

  • Stéphane Béchaux