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« Les pratiques dans le numérique pourraient préfigurer une tendance plus générale »

Liaisons Sociales Magazine | Relations Sociales | publié le : 25.01.2018 |

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3 questions à Jean-Marie Dubois et Patrick Rousset, chercheurs au Cereq au sujet d’étude « L’Adaptation des compétences, un défi à relever pour les entreprises du numérique »

Dans votre étude (1), vous mesurez la montée en puissance de pratiques de formation atypiques…

Dans le secteur du numérique, les entreprises connaissent une pénurie de salariés qualifiés. Afin d’y remédier, elles cherchent à identifier et à fidéliser les talents le plus en amont possible, tout en complétant leurs compétences dès la phase d’intégration. L’évolution constante des compétences les oblige à développer la formation continue formelle sous toutes ses formes : à côté des stages, la moitié d’entre elles recourent à l’autoformation, à la participation à des conférences et séminaires et à des formations en lignes (telles que les Moocs) contre un quart des employeurs tous secteurs confondus. La formation informelle est également largement développée : deux tiers des entreprises déclarent que leurs salariés ont formé leurs collègues contre 50 % en moyenne et le tutorat y est plus répandu qu’ailleurs. Ces évolutions pourraient préfigurer une tendance plus générale.

 

C’est-à-dire ?

Dans ces entreprises, il existe un continuum entre formation initiale et formation continue et les dispositifs sont de fait très imbriqués car la nécessité d’apprendre en permanence est une réalité. D’autres secteurs et notamment ceux centrés sur l’innovation connaissent des évolutions similaires. Dans l’industrie également, des changements sont à l’œuvre même si dans ce cas précis, ils sont plutôt pris en charge par les branches professionnelles.

 

Comment la future réforme de la formation peut-elle prendre en compte ces mutations ?

C’est un véritable défi. Le compte personnel de formation (CPF) met l’accent sur l’obtention d’une certification pour faciliter l’accès des demandeurs d’emploi ou personnes faiblement qualifiées au marché du travail mais dans les secteurs innovants. La certification ne cible pas les savoirs rares qui sont les plus valorisables. Pour autant, c’est un obstacle pour les salariés de ne pas pouvoir faire reconnaître leur savoir-faire par une certification, du moins en France. Celle-ci pourrait continuer à jouer un rôle dans l’accès à l’emploi mais il va falloir réfléchir à de nouvelles formes de reconnaissances de savoirs.

(1) L’Adaptation des compétences, un défi à relever pour les entreprises du numérique, Cereq Bref n° 358, septembre 2017.