L’Allemagne, cet éternel modèle ? En matière de compétitivité, la réponse ne fait pas de doute pour les entreprises industrielles françaises, qui voient dans notre voisin d’outre-Rhin l’exemple à suivre.
Selon le baromètre Randstad Inhouse Services de la compétitivité, pour lequel OpinionWay a interrogé en septembre dernier les dirigeants de 200 entreprises industrielles françaises représentatives de leur secteur, et autant en Allemagne, les industriels français plébiscitent en tout premier lieu le « système de formation », jugé très favorable à la compétitivité de leurs homologues allemands par 47 % des répondants de l’Hexagone. Suivent la « capacité d’innovation » (39 %) et le « dialogue social » (38 %). Inversement, « l’approvisionnement et le coût de l’énergie », l’élément réputé très favorable à la France qui recueille le plus grand score auprès des industriels allemands, atteint tout juste 11 %. Dans ce contexte, la moitié (48 %) des entreprises industrielles françaises se jugent moins compétitives que les entreprises industrielles allemandes – tandis qu’outre-Rhin, seulement 5 % des industriels estiment être moins compétitifs que les entreprises de l’Hexagone.
La recette de l’industrie allemande ?
Commençons par constater que Français et Allemands ne misent pas sur les mêmes leviers. Alors que les Français estiment que leur « capacité à investir et à innover » est l’élément qui contribue le plus (58 %) à leur compétitivité, les industriels allemands soulignent quant à eux leur « capacité à recruter de la main-d’œuvre qualifiée » (53 %), suivie des « relations avec les sous-traitants » (40 %). Bref, là où les Français semblent privilégier les process, les Allemands préfèrent de leur côté investir dans les ressources.
Ce que les Français envient aux Allemands et réciproquement
Les critères jugés « très favorables » à la compétitivité des industriels allemands sont le « système de formation » (47 % des Français estiment qu’il est très favorable en Allemagne comparativement à la France), la « capacité d’innovation » (39 %) et le « dialogue social » (38 %). En Allemagne, le critère réputé « très favorable » à la France qui atteint le plus grand score auprès des industriels allemands, « la capacité d’approvisionnement en énergie », ne recueille que 11 % des suffrages. Plus globalement, parmi les douze critères sur lesquels les industriels des deux pays devaient se prononcer, onze sur douze sont jugés « plus favorables » à l’Allemagne auprès d’une majorité (+ 50 %) d’industriels français tandis qu’en Allemagne, aucun critère n’est jugé « plus favorable » à la France par une majorité (+ 50 %) d’industriels allemands.
Des leviers de compétitivité différents
Alors que les industriels des deux côtés du Rhin s’accordent à dire que les Allemands sont les plus compétitifs, les leviers de compétitivité mobilisés dans les deux pays diffèrent : les trois critères qui contribuent le plus à la compétitivité de leur entreprise sont en France « la capacité à investir et à innover » (classé dans le top 3 dans 58 % des réponses), « les process de production » (49 %) et « la capacité à recruter de la main-d’œuvre qualifiée » (47 %). En Allemagne, au contraire, les trois critères les plus souvent cités sont « la capacité à recruter de la main-d’œuvre qualifiée » (58 %), « les relations avec les sous-traitants » (40 %) et « la qualité des infrastructures » (28 %).
Compétitivité et ressources humaines
Les trois leviers RH de la compétitivité sur lesquels les industriels français estiment avoir la marge de progression la plus importante sont la « polyvalence des salariés » (classé dans le top 3 dans 59 % des réponses), la « motivation et l’implication des salariés » (54 %) et la « maîtrise des coûts tels que masse salariale, budgets formation, etc. » (38 %). En Allemagne, les priorités RH sont différentes : les industriels outre-Rhin préfèrent investir sur la « motivation et l’implication des salariés » (51 %), la « fidélisation des salariés compétents » (49 %) et enfin leur « capacité à attirer des talents » (42 %).
Regards des industriels sur le couple franco-allemand
82 % des industriels en Allemagne et presque autant en France (80 %) estiment que « les dirigeants français et allemands jouent un rôle moteur dans la construction européenne sans laquelle rien n’avance ». Ce couple est toutefois jugé déséquilibré par 57 % des industriels français – mais seulement par 46 % des industriels allemands.