Les troubles psychiques pourraient être la première cause de handicap des salariés en emploi ou en recherche d’emploi dans les prochaines années, notamment parmi les détenteurs des plus hauts niveaux de formation. Les entreprises doivent s’y préparer.
Addictions diverses, troubles du comportement, voire schizophrénie et bipolarité… Les handicaps psychiques prennent des formes variées et deviennent un problème d’entreprise. Pourquoi ? Parce qu’ils sont la première cause d’invalidité et la deuxième cause d’arrêt de travail : 20 % des Européens en souffrent, et 60 % d’entre eux sont en emploi (1) ! De plus, selon les prévisions de l’organisation mondiale de la santé, en 2020, 33 % de la population française sera touchée, au moins une fois au cours de son existence, par un trouble psychique qui affectera sa vie professionnelle et personnelle. Difficile d’ignorer le problème.
Chez Akka Technologies, le départ de plusieurs salariés atteints de ce type de handicap, alors même qu’un accord handicap aurait dû les maintenir en emploi, a créé un choc et « entraîné une prise de conscience », explique le DRH, Didier Baichière. Une grande opération de formation et de sensibilisation sur le long cours vient juste d’être lancée, pour mieux appréhender les difficultés de l’insertion professionnelle de ces personnes.
Prochainement, le fabricant de cosmétique et de parfums Durance espère accueillir 5 à 6 de ces personnes en ateliers de production, après avoir accueilli une d’elle en logistique. Delphine Menetrier, responsable du service logistique, n’avait pas d’a priori sur ce handicap, mais ne connaissait pas non plus les maladies et difficultés qu’il pouvait recouvrir : « Je les ai découvertes au fil des rencontres », reconnaît-elle.
Logique d'attention Même dans l’entreprise adaptée Néa, pourtant habituée à gérer une population salariée constituée à 80 % de personnes handicapées, ce n’est pas toujours simple : un changement mal anticipé, et ces salariés peuvent s’absenter sans autre justification, reconnaît la responsable des ressources humaines Mélanie Thomas. Pour elle, comme pour tous les spécialistes, le seul remède est « un travail sur le long terme dans une logique d’attention de tous les instants et d’ambiance bienveillante ».
Si le besoin de compréhension est grand, « c’est qu’il n’y a a priori aucune demande des entreprises sur le handicap psychique, mais un malaise de leur part, car elles ne savent vraiment pas quoi faire face à cela », explique David Herz, dirigeant de Tell me the Truffe, agence de communication dédiée au handicap et à la diversité, citant les résultats d’une étude 2014 de DFD Consulting chez BNP, Malakoff-mederic et Cap Gemini.