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Le business naissant de la pénibilité

Liaisons Sociales Magazine | Relations Sociales | publié le : 23.03.2016 | Nicolas Lagrange

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Cabinets de conseil spécialisés ou généralistes, certificateurs, groupes de protection sociale, avocats, éditeurs de logiciels… tous se mettent sur les rangs pour aider les branches et les entreprises à appliquer la réglementation.

Si la mesure de la pénibilité fâche les employeurs, elle fait les affaires de tous ceux qui peuvent les conseiller. « La loi incite les entreprises d’abord à comprendre les seuils de pénibilité et les enjeux, puis à identifier les métiers, les postes ou les tâches pénibles à partir de 10 facteurs, ce qui diffère sensiblement du ressenti que peuvent avoir les salariés et les managers », explique Jean-Jacques Ferchal, directeur de mission chez Technologia. Expert agréé CHSCT, le cabi­net a naturellement investi ce nouveau marché. Il a ainsi été sollicité récemment par plusieurs sociétés du verre, du recyclage ou de l’hôtellerie de plein air pour effectuer des diagnostics.

De fait, l’essentiel des demandes des entreprises, à l’exception des plus petites, porte sur l’évaluation de la pénibilité. Un champ très concurrentiel, où l’on trouve les poids lourds de l’évaluation des risques et de la certification, comme Bureau Veritas ou Socotec, des petites structures telles que Capital Santé, Altaïr Conseil, Ariane Conseil ou Didacthem, mais aussi les grands cabinets de conseil en management, comme Leyton ou Ayming. « Nous travaillons sur les diagnostics pénibilité principalement depuis la réforme des retraites de 2010, qui comportait de nouvelles obligations, précise Yannick Jarlaud, directeur au sein d’Ayming HR Performance (ex-Alma CG). Mais depuis le début de l’année, nous avons de nouvelles demandes ou des demandes d’actualisation au regard des derniers décrets. »

Ariane Conseil doit également faire face à un afflux de dossiers. Initialement spécialisée dans le handicap puis la qualité de vie au travail, la structure a élargi son périmètre d’intervention. « Pour établir les diagnostics et les faire vivre dans le temps, nous misons sur un large transfert de ­compétences, avec des formations en salle et sur le terrain, détaille Annelise Wiart, consultante. Les binômes évaluateurs, composés de représentants de la direction et du personnel, permettent de s’approprier la méthodologie et de dépassionner les discussions. » Une approche différenciante que revendique aussi Technologia. « Si on veut éviter de créer un dispositif hors-sol, connu de quelques initiés, il faut, à partir d’outils très simples, informer les salariés et former les managers et les partenaires sociaux, et déployer les plans de prévention », plaide Jean-Jacques Ferchal.

C’est précisément pour aboutir à un diagnostic partagé que l’Aract Haute-Normandie a monté en juin dernier un cluster pénibilité avec cinq PME, représentées ­chacune par un binôme employeur-salarié. « Il ne s’agit pas de décrypter les décrets, mais de sortir d’une vision “sécurité” pour faire émerger une stra­té­gie interne de prévention, analyse Sophie ­Maurel, chargée de mission. Les participants bénéficient d’apports méthodologiques, échangent sur leurs pratiques, travaillent sur leurs données RH et santé et repèrent les enjeux. » En parallèle, l’Aract anime aussi un groupe de travail dans chaque entreprise en vue d’aboutir à des plans d’actions mi-2016.

Auteur

  • Nicolas Lagrange