Cesser son activité constitue une crise sociale pour nombre d'individus. C'est l'objet du livre d'Anasthasia Blanché, dont le métier est d'accompagner ceux qui vivent des périodes traumatisantes de changement.

Il existe une sorte de silence social sur la crise personnelle que représente pour nombre de salariés le moment de cesser son activité. C’est le métier d’Anasthasia Blanché d’accompagner ceux qui vivent des périodes traumatisantes de changement, et notamment celle de la fin de leur vie de travail. Une fin mais aussi le début d’une troisième étape de l’existence qui ne cesse de s’allonger.

Les questions que cette « autre vie » pose à chacun, note l’auteure, psychanalyste et psychosociologue, « sont, par une étonnante coïncidence, une convergence inédite, les mêmes, en miroir, que celles qui se posent à l’échelle de la société aujourd’hui ».

Dans la première partie de son ouvrage, Anasthasia Blanché constate que « quitter l’univers du travail pour passer à celui de la retraite n’est pas forcément un long fleuve tranquille ». Deux populations sont particulièrement « à risque » : les « accros du boulot » et ceux qui ont vécu une fin de vie professionnelle difficile. L’important, souligne l’auteure, c’est de prévoir cet ultime tournant qui est « l’événement le plus personnel et le plus social qui soit ».

La deuxième partie se centre sur l’expérience individuelle que représente le temps de la retraite, « un rendez-vous unique avec soi-même ». Une situation nouvelle qui change notre rapport à l’espace et au temps : le cadre social n’est plus le même, les relations se reconfigurent, le corps se transforme et le ­rapport à la durée se modifie radicalement.

La dernière partie du livre plaide pour le renouvellement de la vision sociétale de la retraite. Les retraités doivent jouer un rôle correspondant à leur poids démographique croissant dans l’élaboration d’un nouveau projet collectif pour nos pays économiquement « mûrs ». Les « baby-boomers » sont en train d’inventer une nouvelle caté­gorie sociodémographique, les seniors de 50 à 70 ans, les « boobos », boomers bohèmes, ayant à la fois de bons revenus et du temps pour profiter de la civi­lisation des loisirs. Bas­culera-t-on dans la « lutte des âges » ou dans une coopération inter­gé­né­rationnelle ? Une question d’importance et dont on parle peu.

La Retraite, une nouvelle vie, Anasthasia Blanché.
Éditions Odile Jacob. 272 pages, 22,90 euros.