La secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville, Myriam El Khomri, succède à François Rebsamen rue de Grenelle. Une nomination surprise. Novice sur les sujets sociaux, l'intéressée va devoir apprendre vite.
L’intérim rue de Grenelle s’achève enfin ! C’est Myriam El Khomri, la secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville, qui a été choisie par Matignon et l’Elysée pour succéder à François Rebsamen à la tête du ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. L’intitulé du poste ne change pas. Un temps évoqué, le rattachement de l’emploi à Bercy n’a pas eu lieu. Elargir les attributions d’Emmanuel Macron, qui s’est encore distingué lors des universités d’été du Medef par une sortie anti-35 heures – n’a pas été jugé opportun. Trop provocant pour l’aile gauche du Parti socialiste.
En désignant Myriam El Khomri pour occuper l’hôtel du Châtelet, François Hollande et Manuel Valls déjouent tous les pronostics. Son nom n’avait jamais été cité pour le maroquin. Cette nomination surprise constitue un énorme pari. Agée de 37 ans, la benjamine du gouvernement est une totale novice sur le champ social. Celle-ci ne s’est jamais frottée aux sujets techniques qui l’attendent. Ni n’a eu l’occasion de côtoyer les partenaires sociaux, côté syndical comme patronal.
Réforme épineuse
La partie s’annonce délicate pour la nouvelle ministre. Dans les prochains jours, Jean-Denis Combrexelle doit en effet remettre à Manuel Valls un rapport très attendu sur le dialogue social et l’articulation de la négociation collective entre l’interprofessionnel, la branche et l’entreprise. Un document qui pourrait signer le point de départ d’une nouvelle réforme du marché du travail, voulue par le Premier ministre et soutenue par le patronat.
Un chantier qui, en toute logique, devrait échoir rue de Grenelle. Et s’annonce épineux. Du côté des partenaires sociaux, la possibilité d’aboutir à un accord sur ce sujet paraît très hasardeuse. Deux gros dossiers attendent déjà les négociateurs, portant sur les retraites complémentaires et l’assurance-chômage. Par ailleurs, trois organisations syndicales (CFTC, CGT, CFE-CGC) doivent tenir congrès dans les prochains mois, ce qui va immanquablement compliquer les discussions. Quant à passer par la voie législative, le chemin est aussi semé d’embûches. Toucher au Code du travail, c’est l’assurance d’attiser les braises de la discorde au sein de la majorité présidentielle.
Peser dans les arbitrages
D’autres dossiers, très techniques, attendent Myriam El Khomri. Parmi ceux-ci, la mise en place du compte pénibilité, la fusion de la prime pour l’emploi et du revenu de solidarité active, le SAV de la loi Rebsamen sur le dialogue social, la montée en puissance du compte personnel de formation, la création du compte personnel d’activité. Autant dire que la jeune ministre a intérêt à prendre très rapidement la mesure de son poste. Pour impulser et peser dans les arbitrages gouvernementaux. Ce que son prédécesseur s’était montré incapable de faire. Pas gagné…
En la matière, la nouvelle ministre ne peut guère compter sur l’expérience du précédent cabinet. Celui-ci a connu, sous les 16 mois de l’ère Rebsamen, une très grande instabilité. Actuellement, l’écrasante majorité des conseillers y sont en poste depuis moins d’un an, ce qui a créé de nombreux flottements. On suivra donc avec intérêt la composition de la nouvelle garde rapprochée. Tout comme les évolutions d’organigramme à la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). Sa numéro un, Emmanuelle Wargon, s’apprête à rejoindre le groupe Danone…