Une étude de l'ANDRH révèle que les DRH ont une fonction de plus en plus stratégique et sont davantage exposés aux conflits sociaux. Pour autant, les salariés attendent beaucoup d'eux notamment de la "bienveillance". Revue de détail.
Que sera le futur de la fonction RH ? Pour ses 70 ans l'Association Nationale des DRH (ANDRH) sort une étude (1), réalisée en collaboration avec l'Association francophone de Gestion des Ressources Humaines (AGRH), qui éclaire la question. « Notre association, qui compte 5000 membres, a toujours œuvré dans les réformes sur l'avenir de la fonction. On s'est dit qu'il serait intéressant de faire une sorte d'arrêt sur images pour voir ce que l'on observe depuis 70 ans et voir où nous allons », explique Benoît Serre, vice-président délégué de l'ANDRH. Pour parvenir à ce résultat, 250 entretiens de professionnels RH ont été menés, 500 documents étudiés et 600 réponses d'adhérents ANDRH à des questionnaires ont été pris en compte(2).
Un DRH sur le feu
L'étude révèle ainsi 7 grandes tendances et 21 scenarii prospectifs des ressources humaines. Tout d'abord parmi les grandes orientations de la fonction RH, c'est la compétence stratégique et technique qui émerge. À l'heure des transformations sociétales, numériques, le RH en effet devenu un véritable acteur de la stratégie d'entreprise qui doit anticiper les besoins pour être en amont sur les projets. « Tout va très vite mais l'acquisition des compétences métier prend du temps. Tout l'art de la fonction RH est de réconcilier le temps de l'humain et de l'entreprise », explique Benoît Serre. L'étude note, par exemple, que les métiers RH changent et que le DRH doit rester connecté aux transformations sociétales pour mieux les comprendre. «Avant quand je recrutais un salarié, je connaissais tout de lui et il ne connaissait rien de moi. Aujourd'hui on est à égalité avec le Web, il connaît autant mon CV que je connais le sien. Le recrutement a changé », ajoute-t-il. Le RH doit maintenant composer avec toutes les typologies de salariés et être capable de manager la génération Y. Les différentes générations ont des rapports différents au travail comme à l'entreprise ou au management.
Autre tendance, l'étude fait le point sur les contraintes techniques qui pèsent sur la fonction RH et qui requièrent une expertise. Le RH d'aujourd'hui doit savoir gérer sa masse salariale, qui dans les entreprises de service représente une très large part des frais généraux, et cela implique d'avoir des connaissances de plus en plus pointues en compensation, rémunération, par exemple, d'autant plus avec la prochaine mise en place de la retenue à la source. L'étude note également que la fonction RH s'est beaucoup judiciarisée. De nombreuses entreprises sont mises en cause parfois pénalement et les RH doivent intégrer cette dimension là puisqu'à l'heure des réseaux sociaux cela peut aussi être une question de réputation.
Stop au digital
Enfin, alors que la fonction du DRH est aujourd'hui très décriée, l'étude révèle que les collaborateurs attendent de la « bienveillance » de leur part. «Ils souhaitent être accompagnés dans ces périodes de transformation où les métiers changent. À nous de leur proposer une alternative si leur métier disparaît. Une entreprise est responsable de l'employabilité de ses salariés et doit travailler aussi sur des sujets RSE (qualité de vie au travail, télétravail) mais sa capacité à maintenir un salarié dans son emploi et ses compétences est la première de ses responsabilités sociales», précise Benoît Serre.
Pour ce qui est des scenarii prospectifs, l'étude table demain sur un « RH territorial ». « Le DRH est responsable des emplois dans son entreprise mais c'est aussi un acteur de son territoire. Je pense notamment aux PME qui embauchent des salariés qui viennent de la même zone géographique », ajoute encore le vice-président de l'ANDRH. Autre scenarii, celui du DRH qui pilote « une digitalisation apprivoisée ». « On a l'impression aujourd'hui que le digital va tout résoudre mais ce n'est pas vrai. Ce n'est pas parce que l'on digitalise que le client n'a pas besoin de contact humain. Le DRH doit être vigilant et veiller à ce qu'on ne tombe pas dans l'excès, qu'on ne tombe pas dans le tout digital et que l'on finisse dirigé par des robots. L'entreprise doit garder sa culture, et préserver les relations humaines entre les gens dont l'importance ou l'attente grandit au même rythme que la digitalisation de la société mais sous une autre forme », conclut-il.
1 Etude « RH 7.0 les scenarii prospectifs des METIERS ressources humaines », novembre 2017.
2 Les résultats de l'étude « RH 7.0 : qu’est devenue la fonction RH depuis 2005 ? » (réalisée en partenariat avec l'APEC) a aussi été prise en compte.