Une étude du ministère du Travail fait le lien entre la présence des syndicats et la modération salariale.

Le décalage des seuils sociaux pourrait avoir des conséquences sur les salaires. Ce pourrait être l’interprétation de l’enquête de la Dares sur la négociation salariale d’entreprise entre 2004 et 2010, diffusée le 2 septembre, en plein débat sur les seuils sociaux. Le ministère du Travail constate que 73 % des établissements de 20 salariés et plus dotés d’un délégué syndical (DS) ont ouvert une négociation salariale en 2010, contre 33 % de ceux qui n’ont pas de délégués syndicaux. Les entreprises ont en effet l’obligation de négocier sur les salariés dès lors qu’elles ont un DS. Or sa présence dépend de la taille de l’entreprise, puis­qu’il devient possible d’en désigner un à partir de 50 salariés. Conclusion – que ne tire pas le ministère – : décaler les seuils reviendrait à réduire la proportion d’entreprises qui négocient sur les salaires.

Politique restrictive

Une telle éventualité ne serait pas forcément à l’avantage des entreprises. Le ministère remarque en effet que « la négociation salariale est un outil pour faire face aux évolutions économiques ». Pour affronter l’importante récession de 2008-2009, 40 % des entreprises ont appliqué une politique salariale restrictive : 1 % ont réduit les salaires, 12 % les ont gelés, 27 % ont modéré les augmentations. Or « négociation salariale et mise en place d’une politique salariale restrictive sont liées », explique le ministère. Dans les entreprises où il y a eu des négociations, on observe plus souvent une politique de modération salariale qu’ailleurs. Cela dit, l’étude du ministère ne permet pas de dire si les syndicats signent effectivement des accords de restriction salariale. Mais, comme une négociation salariale aboutit en général (70 % des cas) à un accord, il y a fort à parier que des syndicats ont pris leurs responsabilités face aux difficultés économiques de leur entreprise.

Avantages et inconvénients des conflits

→ Le fait qu’il y ait eu des conflits sur les salaires au cours des trois dernières années augmente la probabilité de mener des négociations sur ce thème, constate le ministère du Travail. Mais, si les conflits ont un effet positif sur la négociation, ils nuisent en revanche à la conclusion d’accords. Là où il y a eu conflit sur les salaires, les chances de signer sont moindres.