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Comment organiser le travail des malades chroniques

Entreprise & Carrières | Relations Sociales | publié le : 17.03.2016 | virginie Leblanc

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Les  maladies chroniques concerneraient 15 % de la population active. Dans les entreprises, les salariés atteints doivent à la fois faire face à une épreuve personnelle et continuer à exercer leur activité. Avec des conséquences sur le collectif de travail.

En France, une personne sur quatre souffre d’une maladie chronique, quatre cancers sur dix surviennent avant 65 ans et, sur 1 000 personnes qui apprennent chaque jour qu’elles ont un cancer, 400 travaillent. C’est dire si le sujet des maladies chroniques ne peut rester extérieur à l’entreprise. D’autant que celles-ci ont un coût : absentéisme, présentéisme, perte de productivité.

Hypertension artérielle, diabète, asthme, cancer, polyarthrite, sclérose en plaques, sida, maladie de Crohn, etc., sont autant de pathologies qui se caractérisent par leur longue durée et qui, en règle générale, évoluent lentement. Leur variabilité et les incertitudes liées à l’évolution de la maladie peuvent donc perturber les collectifs de travail. « Les grandes entreprises se sentent d’autant plus concernées que 15 % à 20 % de leurs salariés sont touchés par une maladie chronique – soit plus de 150 salariés pour une entreprise de 1 000 salariés », souligne Thierry Breton, directeur général de l’Institut national du cancer (INCa) et président par intérim.

Maintien dans l'emploi

Le troisième plan cancer 2014-2019 s’est fixé l’objectif d’augmenter de 50 % les chances de retour à l’emploi deux ans après le diagnostic, alors que le taux d’activité des personnes souffrant d’un cancer est passé de 88,2 % en 2010 à 79,9 % en 2012. Quant au plan santé au travail, il a fait du maintien dans l’emploi une priorité et a missionné l’Anact, en partenariat avec l’INCa, pour travailler sur ce sujet (lire l’interview p. 26).

Accompagner salariés et entreprises

Cette mobilisation vise à aider des entreprises démunies pour aborder un sujet qui reste certes encore parfois tabou, qui touche à la vie privée et à l’intimité de la personne, mais qui a une incidence sur le travail du salarié malade ainsi que sur celui de l’équipe.

Les directions se heurtent à une première difficulté : les salariés n’ont pas forcément envie de dévoiler leur situation. « Dans le contexte actuel, les personnes ont tendance à taire leurs problèmes de santé, constate Dominique Lhuilier(1), professeure émérite des universités (Centre de recherche sur le travail et le développement-Cnam). En outre, le malade au travail est une anomalie : il est censé être en arrêt maladie, or il est finalement de plus en plus présent. »

« Il faut commencer par accompagner la personne elle-même pour l’aider à partager et à vivre sa maladie au travail, avec son équipe et son manager », recommande Valérie Tran, présidente-directrice générale du cabinet Ariane Conseil. Le salarié est souvent peu au fait des dispositifs qu’il peut solliciter, notamment la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), et, quand il en a connaissance, « le terme handicap étant encore très connoté, il est difficile pour lui de se sentir effectivement concerné et d’engager la démarche de demande de reconnaissance », remarque Valérie Tran.

Handicap

Alors que 71 % des malades chroniques estiment que leur activité professionnelle est impactée par leur état de santé, seuls 69 % ont la RQTH, contre 85 % pour les personnels atteints d’un handicap, selon les résultats de l’observatoire QualiTHravail(r) sur la santé et la qualité de vie au travail des personnes handicapées ou en situation de handicap réalisé par Ariane Conseil auprès de 1 902 répondants, dont 419 malades chroniques.

« Par le biais de sensibilisations sur les maladies chroniques, nous avons tenté de montrer que le handicap n’était pas forcément définitif et que la RQTH peut être utile le temps de se rétablir », témoigne Hélène Chaze, responsable de la mission handicap Spie Ile-de-France Nord-Ouest (lire p. 23). En outre, le médecin du travail a justement pour rôle de proposer, si la maladie a un retentissement sur la capacité à exercer ses fonctions, « des aménagements du travail pour le rendre compatible avec la santé de la personne, indique le Dr Pascal Fau-Prudhomot, de l’ACMS. Nous dialoguons avec elle pour trouver un compromis acceptable, et nous pouvons lui expliquer quel peut être le dispositif le mieux adapté à son cas particulier » (...)

Auteur

  • virginie Leblanc