logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

« Assouplir fortement le code du travail ne changerait rien pour les TPE »

Liaisons Sociales Magazine | Relations Sociales | publié le : 08.06.2015 | Manuel Jardinaud

Image

Professeur à l'Ipag Business School, Tristan Boyer juge le débat sur le code du travail et l'indemnisation des licenciements sans objet pour les TPE. Qui se préoccupent surtout de leur financement.

Les TPE peuvent-elles créer plus d’emplois ?

On se trompe sur le rôle et les capacités des petites entreprises, celles de moins de dix salariés. Le schéma qui prédomine parmi nos dirigeants, c'est que ces TPE doivent se développer, grossir et donc créer de l’emploi. Or, la majorité des dirigeants de petites structures ne souhaitent pas faire grandir leur activité. Un jeune homme qui ouvre un "kebab" n'entend pas en faire une chaine de restaurants ! La vision des décideurs publics est largement faussée.
 
Pour les TPE qui souhaitent néanmoins embaucher, la question du licenciement et de son coût est-elle centrale ?

La peur de ne pas pouvoir se séparer d’un salarié touche très peu les petits patrons. Quand ils ont l'opportunité d'embaucher, leur problème, c'est avant tout d'attirer des compétences. Puis de les conserver. Et non pas de savoir comment et à quel prix ils pourront licencier. Plus généralement, le débat autour du code du travail n’est pas fondé, économiquement et socialement, dans le cas des TPE. Celles-ci se trouvent dans une situation de tension permanente, pas dans une rationalité économique ni dans des processus de planification. Assouplir fortement le code du travail, voire les barèmes d'indemnisation en cas de licenciement, ne changerait donc rien pour les très petites entreprises. En revanche, l'impact serait notable pour les PME. Celles qui sont dotées d'un service RH ou juridique savent profiter des effets d’aubaine en ayant un horizon économique plus balisé.
 
Que faudrait-il faire pour faciliter les embauches dans les TPE ?

Pour elles, la simplification du code du travail relève de la plaisanterie. Ce qui compte, c’est le financement. Tout ce qui peut améliorer la trésorerie et les délais de paiement est bon à prendre. Les banques ne jouent pas leur rôle en demandant des garanties déraisonnables qui obèrent l’avenir de ces petites structures. Le vrai nerf de la guerre en matière d'emploi, il est là.

Auteur

  • Manuel Jardinaud