L'année 2014 a été bien terne pour le marché de l'emploi des cadres, selon Syntec Conseil en recrutement. Jean-Paul Brette, son président, invite les entreprises à faciliter les mobilités.
L'année 2014 n'aura pas été plus dynamique que 2013 pour le recrutement externe des cadres. C'est le premier enseignement du bilan présenté par le Syntec Conseil en recrutement, présidé par Jean-Paul Brette et comptant 120 cabinets de recrutement et chasse de tête. Quelque 160 000 cadres auront été recrutés sur les douze mois écoulés selon une estimation basée sur les évaluations de l'APEC. Soit 4% des quelque 4 millions de cadres français. Une proportion bien moindre qu'en Grande-Bretagne et même moins importante qu'en Allemagne, même si les comparaisons sont malaisées car la notion de cadres n'existe pas dans ces pays.
"Les résultats s'expliquent par une certaine frilosité de la part des entreprises mais également de la part des cadres, estime Jean-Paul Brette. En Grande Bretagne notamment, la vie professionnelle des managers est plus ouverte et diversifiée. Ils changent plus souvent d'entreprise et de secteur d'activité. C'est le cas également en Allemagne, alors que les rigidités du marché sont semblables à celles que l'on connait et que les managers sont aussi peu mobiles qu'en France."
Et d'encourager les cadres à se remettre en question, à s'ouvrir à d'autres secteurs d'activité que le leur. Et les entreprises à faire preuve d'imagination. "70% de nos emplois auront disparu dans 50 ans, rappelle le président du Syntec recrutement. Il s'agit de trouver les mesures qui permettront de construire un marché du travail plus fluide pour les cadres."
Sur le fond, le Syntec recrutement s'appuie sur les propositions déjà présentées par d'autres. A commencer par celles du rapport franco-allemand de Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein qui met en avant une flexisécurité effective. "La portabilité des droits sociaux me semble une idée intéressante pour débloquer les choses, estime Jean-Paul Brette. Un grand nombre de cadres veut changer de poste, mais la majorité d'entre eux est coincée par la peur de perdre son emploi sans pouvoir en retrouver un immédiatement après."
Le président du Syntec défend l'idée d'un congé de changement d'entreprise. "Il permettrait aux salariés de partir pour tenter leur chance ailleurs, tout en leur permettant de conserver un droit au retour si l'aventure tournait mal." Une innovation qui sécuriserait ceux qui veulent bouger et les inciterait à se lancer à l'aventure, mais dont Jean-Paul Brette avoue ignorer son degré de faisabilité. "L'important est d'ouvrir le débat", assure-t-il.
L'organisation professionnelle lancera par ailleurs une étude sur les racines de la performance durable des entreprises au début de l'année prochaine. Présentation des résultats dans un an.