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Le conseil général du Bas-Rhin fait recruter dans le noir

Entreprise & Carrières, 17/03/2009 | Mobilités | publié le : 18.03.2009 |

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Juste avant de les laisser mener des entretiens d’embauche avec des non-voyants, le conseil général du Bas-Rhin a placé les employeurs
dans les conditions de ces candidats particuliers.

 

Le job dating de ce 5 mars, à Strasbourg, ne ressemble pas aux autres. Ce sont les candidats qui commencent par mener le jeu. Ils promènent leurs employeurs potentiels dans une exposition reproduisant le quotidien des aveugles. Et l’on voit – ou plutôt l’on devine – une cohorte de neuf recruteurs qui progresse dans l’obscurité au milieu de rues, d’un marché, d’une forêt, guidée par les bruits et les senteurs, veillant à ne pas heurter un réverbère, à ne pas se faire écraser sur la route…
Au bout d’une heure, les postulants se présentent, toujours dans le noir, puis ce beau monde ressort et tout s’éclaircit, aux sens propre et figuré : ce sont des personnes mal voyantes ou non voyantes, recrutées par le conseil général du Bas-Rhin comme guides-animateurs pour les besoins de l’exposition “Dialogue dans le noir”, dans son “Vaisseau”, une sorte de cité des sciences orientée vers la jeunesse. Leur CDD s’achève avec l’expo, à la fin mars. La matinée se termine par des préentretiens d’embauche classiques, en pleine lumière, dans une autre salle du bâtiment.


Retour à l’emploi

La collectivité a concocté ce scénario afin de donner un ultime coup de pouce à ces personnes que son service emploi/insertion a accompagnées dans le retour à l’emploi. Un groupe de neuf a été retenu parmi les vingt recrutés temporairement, les autres font l’objet d’un suivi complémentaire en vue d’un reclassement ultérieur.

 

Gommer le préjugé

Le niveau de qualification est impressionnant : un docteur en droit public, un master en relations internationales, des bac + 3, mais aussi des bac pro parfaitement armés pour un poste d’agent d’accueil. N’était ce problème de vision… Mais, en plaçant les recruteurs dans la peau des candidats, l’initiative entendait gommer le préjugé du handicap pour, au contraire, en faire ressortir les atouts. « Elle a montré la faculté d’adaptation et la capacité à gérer un groupe », relève Anne Riff, responsable du pôle recrutement des fixations Würth (3 600 salariés en France) à Erstein (Bas-Rhin).
Deux objectifs animaient les entreprises, de taille très variable – Bouygues Télécom, SNCF, Caisse d’épargne, Crit Interim, une plate-forme téléphonique, un courtier d’assurances, etc. Les unes veulent recruter très vite des conseillers clientèle, des conseillers juridiques, des agents d’accueil, telle la petite agence immobilière strasbourgeoise Hego Transaction. Elle a été séduite par les cinq candidats rencontrés : « Leur qualification est irréprochable, ils sont très motivés et prêts à la mobilité géographique », note son dirigeant, Antoine Goumy. L’embauche d’un agent commercial semble en bonne voie.
Les autres sont venues pour prendre date dans une perspective d’emploi à plus long terme. Comme Würth France, signataire de la charte de la diversité, dont la recruteuse indique « garder un ou deux profils bien à l’esprit ».

 

Christian Robischon