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Des salariés de Guy Degrenne à la rescousse de la Sodis

Entreprise & Carrières, 22/09/2009 | Mobilités | publié le : 24.09.2009 |

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Des salariés de la chaîne logistique de l’entreprise Guy Degrenne, dans le Calvados, ont prêté main-forte à leurs homologues de la Sodis, en Seine-et-Marne.

 

Rien de commun, a priori, entre la Sodis (groupe Gallimard), et Guy Degrenne. Le distributeur de livres, situé à Lagny-sur-Marne (77), et le spécialiste des arts de la table, basé à Vire, en Normandie, ont pourtant procédé à une opération encore peu commune de prêt de personnel sur leur activité logistique. Le point de départ ? La remise à niveau, au printemps dernier, du logiciel de gestion de la chaîne logistique de la Sodis. Un saut de version important et une montée en puissance progressive de l’application qui occasionnent plusieurs jours de retard dans la préparation des commandes.

 

Mesures insuffisantes

Pour y faire face, l’entreprise actionne tous les leviers classiques : intérim, heures supplémentaires, travail de nuit, travail le samedi… Des profils administratifs sont même déplacés sur les postes opérationnels. Ces mesures se révèlent cependant insuffisantes. « Le recours au travail temporaire est limité dans un bassin d’emploi qui compte de nombreuses sociétés logistiques », commente Brigitte Del Greco, DRH. Et l’urgence de la situation ne permet pas d’envisager le travail du dimanche, un délai de cinq semaines étant nécessaire à l’obtention de l’autorisation préfectorale.

 

Sortir des sentiers battus

« Il nous fallait sortir des sentiers battus », enchaîne le Pdg, Marc de la Fons. Ayant précédemment exercé les fonctions de directeur logistique, ce dernier lance alors un appel “à l’aide” aux membres de l’Agora du supply chain management, un réseau professionnel dédié à la fonction logistique. Les réponses affluent. Hervé Le Gall, directeur supply chain de Guy Degrenne, n’a pas encore eu vent des négociations sur l’emploi en cours dans la branche de la métallurgie à laquelle est rattachée son entreprise. Mais il a déjà essuyé un retard de cette nature et suggère spontanément le prêt de personnel.

 

Partage du travail

« Lorsque j’ai pris connaissance du message, nous étions en sous-activité dans notre entrepôt, expose Hervé Le Gall. J’y ai vu l’occasion de redimensionner momentanément nos équipes opérationnelles en maintenant une dynamique de travail, tout en apportant une réponse pertinente à la Sodis. » Une aubaine pour cette dernière, qui a besoin de profils formés à la conduite d’engins de manutention (titulaires du certificat d’aptitude à la conduite en sécurité : Caces).
Les deux hommes se connaissent. Ce qui facilite grandement les choses. Les premiers contacts entre DRH s’effectuent dès la première semaine de mai afin de formaliser au plus vite ce prêt de main-d’œuvre à but non lucratif, autorisé par l’article L. 8241-2 du Code du travail. « En quarante-huit heures, nous disposions d’un projet très avancé incluant une description précise des postes et des modalités de travail chez Sodis, que nous avons aussitôt présenté en comité d’entreprise extraordinaire. Le tout, assorti d’un appel à candidatures », raconte Hervé Le Gall. La solution est exposée, dans le même temps, au comité d’entreprise de la Sodis. Une logique de « partage du travail » particulièrement bien accueillie de part et d’autre par les représentants du personnel, assurent les deux managers.

 

Contrat de travail inchangé

Huit collaborateurs de Guy Degrenne se portent volontaires pour aller travailler en Seine-et-Marne, sur une période de deux mois maximum. Leur contrat de travail reste inchangé. « La seule contrainte était un respect de nos consignes de sécurité », souligne Céline Lavanchy, responsable juridique et social de la Sodis.
Dans le cadre de la convention de détachement signée par les deux entreprises, Guy Degrenne facture uniquement au distributeur de livres les salaires et les charges sociales. « Nous avons directement pris en charge l’hébergement, en leur trouvant un hôtel à proximité de la société, ainsi que le déjeuner au restaurant d’entreprise. Nous avons également assumé les frais de transport en covoiturage pour les week-ends », ajoute-t-elle.
Les volontaires avaient demandé et obtenu une période d’essai de quinze jours. Tous resteront, au final, un mois complet. Le temps nécessaire à la Sodis pour résorber son retard.
L’opération n’est pas neutre. « Le surcoût par salarié est d’environ 180 euros par semaine comparativement à un intérimaire qualifié et connaissant l’entreprise, estime Marc de la Fons. L’avantage est que nous avons eu affaire à une équipe motivée, bien formée et qui s’est très bien intégrée. Conséquence inattendue : un salarié de Guy Degrenne a décroché un entretien d’embauche à la Sodis… Avant qu’un projet personnel ne lui fasse changer d’avis.

 

Hélène Truffaut

 

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