Dans une dizaine de pays (dont la France, le Royaume-Uni, l’Albanie, le Portugal, les Philippines, la Colombie et la Grèce), des syndicats ont porté plainte contre Teleperformance auprès de l’OCDE. Invoquant les principes directeurs que cette organisation de coopération a édictés à l’intention des entreprises multinationales, ils font valoir que la société ne respecte pas les droits de ses employés à la santé et à la sécurité.
En France, la plainte a été déposée auprès du Gouvernement par UNI Global Union et par les syndicats affiliés (CFDT Fédération communication conseil culture, CGT-FAPT, CGT Fédération des sociétés d’études et FO-FEC). Elle fait état d’un « risque sérieux, grave et imminent » pour les employés. L’établissement belfortain de Teleperformance a dû fermer le 16 avril après la révélation d’un cas de Covid-19 chez une salariée et il n’ouvrira pas avant nouvel ordre. Les syndicats précisent que trois sites français de Teleperformance ont dû cesser leur activité, dont l’un qui gère le standard téléphonique du Gouvernement français concernant le coronavirus. Ils précisent que lors d’une visite sur le site de Blagnac, survenue en mars, l’inspecteur du travail a noté que « l’inaction [de la direction] est de nature à exposer les employés à un risque sérieux, grave et imminent de préjudice pour leur intégrité physique et constitue une défaillance dans l’obligation de la société de fournir aux travailleurs un environnement de travail sain et sûr ».
Aux Philippines, les syndicats rapportent que les restrictions de déplacement imposées par le Gouvernement contraignent les personnes « qui ne peuvent pas se rendre au travail à dormir par terre dans les locaux de Teleperformance pendant les 30 jours du couvre-feu, ou à rester chez elles et à ne pas recevoir de salaire ». La plainte fait état « de conditions insalubres et choquantes, comme le fait que […] de nombreux employés aient partagé des équipements tels que des casques d’écoute pendant la crise du coronavirus ». Les syndicats dénoncent également les représailles dont ont fait l’objet les travailleurs qui se sont syndiqués pour obtenir des protections personnelles de base, ainsi que les mesures de licenciement prises à l’encontre des dirigeants syndicaux.
« La réponse inadéquate et lente de Teleperformance à la crise du coronavirus a mis en danger des milliers de travailleurs en période de pandémie mortelle », juge Christy Hoffman, la secrétaire générale d’UNI Global Union. Elle estime que « ces problèmes généralisés montrent un mépris des droits fondamentaux des travailleurs, dont leur santé et leur sécurité, de la part de l’ensemble de la direction mondiale de l’entreprise » et demande « au Gouvernement français d’intervenir et de contribuer à la mise en place de solutions urgentes dans le cadre des principes directeurs de l’OCDE ». Avec 331 000 salariés dans 80 pays, Teleperformance est le premier fournisseur mondial de services client externalisés et le deuxième plus grand employeur français hors de l’Hexagone.