Même sans connaissance avérée de la dangerosité des nanomatériaux, les pouvoirs publics recommandent de protéger la santé des salariés. Peu d’entreprises ont pris les devants.
« Les nanomatériaux sont potentiellement toxiques. Il faut les considérer comme une nouvelle famille d’agents chimiques. » C’est la recommandation que fait systématiquement Myriam Ricaud, ingénieur chimiste, expert conseil à l’INRS, à chacune de ses interventions. La prise en compte de l’exposition des salariés est insuffisante, alors que l’industrie mondiale recourt à des dizaines de milliers de tonnes de nanomatériaux manufacturés chaque année.
Effet amiante…
Plusieurs fabricants ont pris les devants. Beaucoup moins les industries intégratrices, issues par exemple des secteurs automobile (selon l’INRS, environ 10 kg de nanomatériaux entrent dans la fabrication d’un véhicule), cosmétique et agroalimentaire. Ni PSA ni Renault, que nous avons contactées, ne se sont exprimés. Aucune réponse non plus de L’Oréal ni de Danone. Toutes ces entreprises se fournissent pourtant en silice, dioxyde de carbone ou noir de carbone, qui sont les nanomatériaux les plus utilisés.
A l’heure actuelle, les inquiétudes sont concentrées sur les nanotubes de carbone, prisés pour leurs propriétés de résistance et de légèreté, mais dont l’effet fibre a été comparé à celui de l’amiante. « Leur inhalation peut conduire à des fibroses ou à des cancers pulmonaires », affirme Myriam Ricaud, se référant à des expérimentations sur des rats.
Au-delà, peu de certitudes. La dangerosité des matériaux diffère suivant leur dimension, leurs propriétés physico-chimiques et leur composition. « Les premières études toxicologiques sont difficilement comparables, déplore Myriam Ricaud, car on ne sait pas toujours la taille des produits qui ont été observés. Leurs auteurs, qui sont des toxicologues, n’ont pas pour habitude de caractériser les matériaux. »
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