Le secteur de la construction va-t-il vraiment pouvoir reprendre un cours plus normal après la publication du guide élaboré sous l’égide de l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) et soutenu par un seul syndicat, le FNCB-CFDT ? Le Conseil national de l’ordre des architectes et l’Union nationale des syndicats français d’architectes se montrent très réticents. Dans un communiqué commun, les deux organisations admettent que, si le guide de l’OPPBTP a « pris en compte plusieurs des remarques émises », « la question reste entière de savoir quand et dans quelles conditions il pourra effectivement être utilisé ». Rappelant que les entreprises du secteur vont devoir attendre que toutes les populations prioritaires (soignants, malades, résidents en Ehpad, personnes à risque, etc.) soient équipées de masques et de gels hydroalcooliques avant de pouvoir en disposer pour leurs salariés, le communiqué pose une question cruciale : « Quand pourrons-nous considérer comme raisonnable que le secteur du bâtiment, le plus accidentogène, avec environ 7 000 à 8000 accidents du travail par mois, puisse reprendre son activité sans engorger davantage les services d’urgence des hôpitaux ? »
Les deux organisations soulignent aussi que « les conditions d’intervention déterminées dans le guide sont suffisamment contraignantes pour que l’on se pose réellement la question du rythme et des coûts d’une reprise anticipée des travaux ». Autant d’éléments qui ne penchent guère en faveur d’une reprise généralisée des chantiers. Au contraire, même. Les deux instances représentant les architectes estiment qu’il « faut attendre que le comité scientifique et les médecins spécialisés dans ce type de pathologie donnent un avis favorable à une reprise d’activité sans risque pour toutes les personnes qui se rendent sur les chantiers, mais également sans risque pour la population ». Elles concèdent toutefois qu’il est « envisageable dès aujourd’hui, en respectant strictement les consignes de sécurité du guide, d’organiser certains chantiers sans coactivité ou de travaux publics ».