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Grippe A : avis de mobilisation générale !

Entreprise & Carrières, 1/09/2009 | Conditions de travail | publié le : 03.09.2009 |

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Outre les grandes entreprises qui ont préparé un plan “antigrippe” pour faire face à un éventuel risque de pandémie, des PME prennent, elles aussi, la menace au sérieux. 

 

Alors que la France enregistre son dixième décès des suites de la grippe H1N1 (dont deux en France métropolitaine), les entreprises ont mis l’été à profit pour peaufiner leur plan “antigrippe”. Elles se conforment, ainsi, à la circulaire du ministère du Travail les enjoignant, dès le 3 juillet, à « se préparer au mieux » au risque de pandémie.
La France n’est certes « pas en situation de diffusion interhumaine importante du virus » (elle n’est qu’en phase 5A du plan national qui en compte 7). Mais la situation dans les départements et territoires de l’hémisphère Sud – en plein hiver austral – donne une nouvelle dimension au risque de pandémie. Un risque qui semble beaucoup moins virtuel depuis que cinq décès ont été recensés en Nouvelle-Calédonie et trois en Polynésie française.
Le ministère du Travail a rappelé aux employeurs qu’en matière de santé et de sécurité, ils ont une obligation de résultat à l’égard de leurs salariés. Toutefois, « lorsque le risque est principalement ou exclusivement de nature environnementale, ils sont tenus, au minimum, à une obligation de moyens ». Autrement dit : toute transmission du virus à l’intérieur de l’entreprise pourrait leur être imputée s’ils ne mettent pas en œuvre un véritable plan de prévention.

 

Plan de continuité des activités

Déjà sensibilisées lors de l’alerte à la grippe aviaire de 2007 et dotées de CHSCT et de services de médecine du travail importants, les grandes entreprises n’ont eu aucun mal à établir leur plan d’action. Axa France s’est, ainsi, préparée à mener une campagne de vaccination (objectif : vacciner gratuitement au moins 70 % des salariés, contre 20 % habituellement), a commandé 3,5 millions de masques et 12 000 litres de solution hydro-alcoolique, et a confié la mise en place d’un plan de continuité des activités (PCA) à un groupe de travail pluridisciplinaire. Objectifs : réduire le nombre de voyages et de réunions, favoriser le télétravail, prévoir le basculement des appels clients d’une plateforme à une autre…
Carrefour doit faire face à une difficulté supplémentaire : l’accueil quotidien de millions de clients. L’enseigne de distribution a donc – en plus des mesures classiques de prévention pour les salariés – déployé un plan d’action à destination des directeurs de magasin : réagir face à la détection d’un cas de grippe, informer et préparer les équipes, maintenir l’activité en cas de fort absentéisme et, le cas échéant, réduire l’activité à la vente de produits de première nécessité sur palettes, dans l’allée centrale.

 

Les services et les transports en première ligne

Les entreprises de services et de transports sont en première ligne : non seulement elles doivent gérer l’accueil de leurs clients, mais elle ne peuvent recourir au télétravail que de façon marginale. Les services médicaux d’Air France sont, ainsi, « en contact permanent avec les autorités sanitaires ainsi qu’avec le service médical d’Aéroports de Paris ». De plus, la compagnie « applique les procédures demandées par les autorités sanitaires des pays qu’elle dessert : information aux passagers et/ou traçabilité des personnes présentant des symptômes de la grippe A/H1N1 ». La vaccination des personnels est « à la main des autorités sanitaires, qui n’ont pas fixé, à ce jour, le programme d’intervention ».

 

Approvisionnement

Le gouvernement vient d’annoncer l’arrivée des premiers vaccins, mais la campagne de vaccination ne pourrait débuter que mi-octobre, après les autorisations de mises sur le marché. En attendant, les commandes de masques de protection explosent. Et c’est là que le clivage entre les grandes entreprises et les PME apparaît de façon flagrante. Des dirigeants de PME font part de leurs difficultés à voir leurs commandes prises en compte par des fournisseurs qui privilégient leurs plus gros clients (établissements sanitaires et grandes entreprises).

 

Informations

Pour répondre à toutes leurs questions, les organisations patronales (Medef, CGPME et UPA) sont mobilisées. « Notre site Internet et nos sites territoriaux sont des relais d’information », commente Jean-François Veysset, vice-président de la CGPME, en charge des affaires sociales. La confédération a publié de nombreuses fiches techniques de prévention ainsi qu’un document synthétique, “Cinq questions à se poser”.
Certains services de médecine du travail sont allés plus loin : le CIAMT (Centre interentreprises et artisanal de santé au travail, qui suit 14 000 entreprises et 180 000 salariés en Ile-de-France) a créé une équipe de médecins prêts à répondre à toutes les questions de leurs adhérents. « Depuis le mois de mai, le nombre d’appels ne cesse d’augmenter, commente Zineb Ouazene, l’un des médecins de ce groupe de travail. Les questions portent essentiellement sur les différents types de masques de protection, les circonstances dans lesquelles il faut les porter, la mise en œuvre d’un plan de continuité d’activité. » L’absentéisme sera, en effet, la principale difficulté des entreprises.

 

Un dialogue permanent

De ce point de vue, Jean-François Veysset est convaincu que la poursuite de l’activité des entreprises passe par « un dialogue permanent avec les salariés. Avec les 35 heures, le décompte du temps de travail se fait sur quatre semaines, ce qui peut donner une certaine souplesse dans la gestion des absences. Sans parler des congés maladie et congés parentaux pour enfants malades accordés par certaines conventions collectives ». Au-delà de l’absentéisme des salariés eux-mêmes, la fermeture des écoles risque d’être particulièrement difficile à gérer…

 

Sabine Germain