E & C : A la demande de la secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique, le CAS a réalisé une étude sur le développement du télétravail* dans dix pays de l'OCDE. Vous y faites état du retard français. Comment l'expliquez-vous ?

R. S. : Ce décalage vis-à-vis des pays anglophones et scandinaves s'explique par des facteurs culturels. Le management et les salariés raisonnent encore trop en termes de présence physique. Ce retard se comblera dans la mise en oeuvre, par les entreprises, des infrastructures et des outils, et dans les pratiques des ménages en matière d'Internet.

E & C : Quels seraient les leviers de son développement ?

R. S. : L'étude, conduite avec le cabinet Roland Berger, identifie cinq leviers : communiquer et former salariés et managers ; faire évoluer nos organisations du travail pour développer le management par objectifs et le travail en réseau ; investir dans les infrastructures et les réseaux ; faciliter l'usage du cadre légal et, enfin, concentrer les actions sur certains métiers ou situations propices - personnes en charge d'enfants ou de personnes âgées ou handicapées, femmes enceintes, dans les semaines précédant ou suivant leur congé maternité, etc.

E & C : Vous pointez également les risques d'abus du télétravail. Quels sont-ils ?

R. S. : Le risque consisterait dans l'existence d'un télétravail informel, mais le cadre juridique, que le projet de loi en cours de discussion doit conforter, prévient l'existence d'abus, notamment parce qu'il est fondé sur le principe protecteur du double volontariat. Ceux qui pratiquent le télétravail un ou deux jours par semaine sont, en moyenne, plus satisfaits de leurs conditions de vie. Ce thème doit mobiliser à la fois les DSI et les DRH.