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Enquête

2 000 cheminots ont choisi de différer leur départ

Enquête | publié le : 01.12.2009 |

Les premiers effets de la réforme du régime de retraite commencent à se faire sentir sur la pyramide des âges à la SNCF. En 2012, un cheminot sur dix sera âgé de 55 ans ou plus.

A la SNCF, les nouveaux retraités devaient être 5 500 cette année. Ils ne seront que 3 500. Autorisée par la réforme du régime de retraite de 2008, la poursuite de l'activité après 55 ans (50 ans pour les conducteurs)* a eu un réel succès : 2 000 cheminots, soit près d'un tiers des départs prévus cette année, ont choisi de différer l'heure de leur retraite. « Le phénomène existait déjà en 2008, mais de façon limitée, souligne François Nogué, le DRH de la SNCF. Cette année, il a pris davantage d'ampleur. » Pour lui, cette décision s'explique en partie par les besoins financiers nouveaux - études tardives des enfants, parents dépendants - qui pèsent aujourd'hui sur les quinquagénaires. Dès 2007, un simulateur accessible sur l'intranet avait permis à chacun d'évaluer l'influence de la date de départ sur le niveau de sa pension. Du fait de la surcote, un cheminot peut en effet espérer majorer sa pension mensuelle de quelques dizaines d'euros s'il retarde sa sortie, ne serait-ce que de quelques mois.

Moins d'embauches

Le prolongement de l'activité des seniors a d'abord eu des répercussions sur le volume d'embauches de l'entreprise. Initialement fixé autour de 4 500, le nombre de recrutements pour l'année 2009 devrait finalement s'établir entre 2 500 et 3 000. « Notre volume d'embauches devrait donc être mécaniquement réduit pendant les quatre ou cinq prochaines années de montée en charge de la réforme, avant un retour à l'équilibre », explique François Nogué. Pour accroître sa visibilité sur les entrées et les sorties, la SNCF demande, désormais, à chacun de faire connaître ses intentions six mois avant la date souhaitée de départ.

Pyramide des âges bouleversée

Pour l'établissement public, la nouvelle donne se traduit également par un bouleversement de la pyramide des âges. Cette année, 3 000 salariés sont âgés de 55 ans ou plus. Ils seront 15 000 en 2012, soit 10 % de l'effectif. Dans le même temps, la moyenne d'âge de l'entreprise devrait grimper de 41 à 43 ans. « Outre une augmentation de notre masse salariale, du fait de la hausse du salaire médian, nous sommes désormais confrontés à la problématique, inédite, de la gestion de la troisième partie de carrière », souligne François Nogué.

Signé en 2008, l'accord GPEC de la SNCF présente un volet seniors important. « La SNCF compte de nombreux emplois industriels, explique le DRH. Notre accord GPEC se donne en pariculier pour objectif d'améliorer les conditions de travail sur les sites concernés. Un travail avec l'Anact est actuellement en cours sur une douzaine de sites pilotes, dans le cadre de notre observatoire paritaire des conditions de vie au travail. »

Les salariés positionnés sur un métier qualifié de «pénible» peuvent également bénéficier d'une cessation progressive d'activité. En outre, l'accord met en oeuvre un entretien professionnel à partir de 45 ans susceptible de déboucher sur un bilan de compétences ainsi que sur une formation de 200 à 300 heures. Au cours des négociations de mise en oeuvre de la réforme, les salariés avaient également obtenu une garantie d'accompagnement salarial pour les agents de plus de 55 ans : 0,5 % d'augmentation par semestre dans la limite de sept semestres. « En matière de gestion des seniors, tout reste cependant à faire », remarque Patrick Ilbizian, de FO Cheminots, qui dénonce un manque d'anticipation de la part de la SNCF, d'autant plus criant que les générations qui atteignent aujourd'hui l'âge de 55 ans font partie des plus nombreuses de l'entreprise. Le délégué syndical regrette, notamment, que la réflexion autour de la pénibilité n'ait pas été élargie au-delà des critères physiques : « De nombreux métiers, fortement générateurs de stress, comme les guichetiers, ont été complètement laissés de côté. »

Transposition de l'accord GPEC

Transposition «mot pour mot» du volet seniors de l'accord GPEC, le plan d'action de la SNCF, qui a été présenté au CCE le 17 novembre, n'a pas, non plus, les faveurs des syndicats. « Désireuse de répondre aux velléités gouvernementales, l'entreprise entend booster la deuxième partie de carrière. Pour cela, elle sait mettre la main au pot, notamment en matière de formation, relève Thierry Nier, de la CGT Cheminots. Nous souhaiterions plutôt voir ces fonds attribués à la reconnaissance et à la consolidation des parcours professionnels des jeunes qui, ainsi, n'auraient pas besoin, le moment venu, de prolonger leur activité pour compléter une pension trop maigre. »

* Outre l'allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 années, la réforme des retraites de la SNCF a aussi supprimé la «clause couperet» selon laquelle un agent ayant au moins vingt-cinq ans d'ancienneté et 55 ans (50 ans pour les conducteurs) était mis d'office à la retraite.

SNCF

• Activité : transports.

• Effectifs : 154 000 salariés.

• Chiffre d'affaires 2008 : 18,519 milliards d'euros.

• Date du plan : présenté au CCE le 17 novembre 2009.

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