logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Trois ans pour partir à Lyon

Enquête | publié le : 19.05.2009 |

Image

Trois ans pour partir à Lyon

Crédit photo

La filiale du groupe suédois a préparé patiemment le transfert de son siège francilien, qu'elle voulait rapprocher de son activité industrielle près de Lyon.

Février 2009. Le groupe suédois Alfa Laval, spécialisé dans le transfert de fluides, la séparation centrifuge et l'échange thermique, inaugure au Parc technologique de Lyon, à Saint-Priest, son siège français, qui avait été implanté durant plus de trente ans en région parisienne.

Nouveau site

Le site accueille 80 personnes : l'équipe dirigeante et les fonctions supports, des équipes commerciales et de suivi de projets, ainsi qu'un atelier de maintenance, créé exprès, pour rapprocher la vente de l'après-vente. Le bureau commercial francilien a été déplacé à Elancourt. Selon Stéphane Ronteix, le Pdg de la filiale française, qui a mené le projet, l'économie de loyer devait s'élever à 300 000 euros par an. Grâce aussi à la revente du foncier d'une petite société du groupe, LKM Pagès, située à 10 kilomètres et dont les salariés ont rejoint Saint-Priest. Cette reconfiguration a demandé trois années de préparation.

Deux ans pour organiser la mobilité

« Dès 2006, nous savions que notre bail ne serait pas renouvelé car les propriétaires voulaient développer une zone commerciale, raconte Audrey Mabru, la responsable communication. Or, vous ne trouvez pas en région parisienne de site bien placé permettant de combiner une activité industrielle avec des fonctions de siège. De plus, nous avions l'occasion de travailler près de deux de nos principales usines, à Grenoble (Isère) et à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). » Une fois la décision prise, il restait deux ans à la DRH pour organiser la mobilité.

Aide de l'Aderly

La vingtaine de salariés de l'usine LKM Pagès a « facilement déménagé », selon la nouvelle RRH, Virginie Munoz, elle-même venue de Grenoble. Parallèlement, 30 recrutements ont été réalisés localement, les salariés passant, ensuite, trois à quatre mois en Ile-de-France pour se former. S'agissant des 20 salariés du siège, la plupart - sauf certains commerciaux - étaient appelés à partir. L'entreprise n'a procédé qu'à quatre licenciements, dont un pour une personne bientôt retraitée.

Car, dès le départ du projet, Alfa Laval France a utilisé les services de l'Aderly (lire ci-dessus)pour sa recherche de locaux et l'accueil des salariés, l'agence de développement de Lyon s'engageant à leur trouver des logements et à fournir une aide aux conjoints dans leur recherche d'emploi. « Sur ces questions, nous donnions directement le contact de l'Aderly aux salariés, raconte la RRH. Cela nous a tous libéré l'esprit. » L'agence a organisé une visite collective à Lyon pour les salariés et leur famille. L'entreprise a financé une visite supplémentaire, à titre individuel.

Prime de changement de résidence

D'autres mesures ont suivi, comme une prime de mobilité de 10 000 euros par salarié, une prime de changement de résidence (variable selon la composition de la famille), ainsi qu'une prise en charge de frais de double résidence, plafonnée à 600 euros par mois. « Au-delà de ces incitations, je reçois des retours favorables en termes de qualité de vie et de logement », note la RRH.

La greffe a si bien pris qu'Alfa Laval a dû nommer récemment un nouveau Pdg... Stéphane Ronteix s'étant fait débaucher par le groupe américain Lennox, qui vient de lui confier l'une des filiales européennes à Lyon.

ALFA LAVAL FRANCE

• Activité : technologies de l'échange thermique, de la séparation et du transfert des fluides.

• Effectifs : 880 salariés (12000 dans le monde).

• Chiffre d'affaires 2008 : 2,891 milliards d'euros

Lyon soigne l'accueil des entreprises

2008 a été une année record pour l'Agence pour le développement économique de la région lyonnaise (Aderly), qui a obtenu 69 nouvelles implantations d'entreprise (640 emplois directs) dans le département du Rhône et les territoires limitrophes de l'Ain et du Nord-Isère, tandis que son objectif est de 50 par an, en moyenne. Plus de la moitié des projets (37) sont d'origine étrangère : Union européenne pour la plupart d'entre eux, Amérique du Nord et Japon. L'agence dit examiner actuellement 13 autres projets qu'elle veut faire prochainement aboutir.

Trois secteurs

« Nos cibles sont limitées à trois secteurs, explique le directeur exécutif, Jacques de Chilly, ex-directeur de l'Agence Ouest Atlantique, arrivé à Lyon il y a trois ans : les sciences du vivant au sens large (vaccins, cancérologie, dermo-technologies), les écotechnologies (chimie verte, moteurs propres, énergies renouvelables) et les fonctions de siège des grandes entreprises. Nous intervenons surtout sur les démarches de «greenfield», quand l'entreprise part de rien pour acheter des terrains et construire, ou bien louer un immeuble de bureaux. »

Accompagnement gratuit

Près de 15 commerciaux s'occupent de détecter les candidats. Leurs arguments ? Une position géographique favorable et une bonne qualité de vie, la présence de cinq pôles de compétitivité, des coûts immobiliers et des salaires compétitifs. L'Aderly peut proposer un site et organiser des visites de découverte de la ville, une fois que les contacts sont avancés. Puis, elle déclenche son offre d'accompagnement, gratuit, sur la foi d'un projet de bail.

Elle propose, ainsi, un service de «relocation». A savoir : une recherche d'habitation (financée par le 1 % logement de l'entreprise qui va s'implanter), l'accès à la scolarité et la simplification des démarches administratives pour les salariés. L'Aderly a son réseau de prestataires immobiliers et ses entrées à la préfecture. Pour les enfants de salariés étrangers, deux possibilités : la Cité scolaire internationale ou l'International School of Lyon, cofondée par Bayer CropScience, Merial, Monsanto et Sanofi Pasteur.

L'Aderly intervient aussi en matière d'emploi, que ce soit pour la main-d'oeuvre locale ou pour procurer un job au conjoint. Un conseiller ANPE était déjà installé à temps plein chez l'Aderly, qui prend en charge son salaire. L'agence vient d'obtenir un deuxième poste, cette fois-ci financé par Pôle emploi. Elle se met aussi à la chasse de têtes. Dans son viseur : des Français installés depuis longtemps aux Etats-Unis, qui feraient le choix de rentrer pour créer une entreprise.

Projets en cours

Quinze projets sont en cours. Le directeur de l'Aderly rêve aussi de chercheurs du MIT et de Stanford pour le monde universitaire. « Ce n'est, pour le moment, qu'une piste, mais nous avons proposé à l'université d'imaginer des contrats privés permettant une rémunération plus attractive. »

L. P.

ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION LYONNAISE

Statut : association.

Fondateurs : CCI, communauté urbaine (Grand Lyon), conseil général du Rhône et Medef.

Effectifs : 30 salariés.

Budget 2008 : 6,3 millions d'euros, dont 1,6 million consacrés au programme de promotion Only Lyon.

Coûts d'accompagnement des projets : 245 000 euros.