De l'organisation du travail dépend, en grande partie, l'efficacité et la rentabilité des entreprises. Source de richesse pour les uns et de frustration pour les autres, l'organisation polarise les sentiments des acteurs suscitant admiration ou révolte selon les points de vue et les moments de l'histoire.

Une même vague de fond organisationnelle comme, par exemple, celle liée à la critique du taylorisme et du fordisme et à l'apparition des concepts d'autonomie et de reengineering, après avoir suscité un certain engouement chez les responsables d'entreprise et chez les salariés, entraîne aujourd'hui de plus en plus de méfiance. Comme si on avait, un temps, oublié que la productivité ne pouvait s'optimiser qu'en économisant le facteur travail.

Or, l'organisation du travail n'est pas une fin en soi, mais est strictement corrélée à l'exigence de performance des entreprises. Si le taylorisme et le fordisme ont parfois été oubliés, ce n'est pas pour des raisons éthiques mais, simplement, parce qu'ils n'étaient plus les modes productifs les plus efficaces quand la flexibilité et la qualité devenaient prioritaires. Là où ces modes restent opérants, ils se poursuivent, même s'ils se cachent derrière l'étiquette pudique de «néotaylorisme».

L'ambition du livre de Marcel Faulkner, sociologue canadien, est de dresser un panorama de l'organisation du travail sous son aspect sociologique au cours des décennies récentes pour faire le point sur ses enjeux actuels.