Le succès dépasse les prévisions. Les séances de sophrologie que Losinger propose à ses salariés depuis le début de l'année ont déjà attiré 130 collaborateurs, ce qui situe le taux de participation à 20 % parmi la population de cadres, d'ingénieurs, d'architectes et d'employés à laquelle s'adresse l'initiative de la société suisse de BTP, filiale de Bouygues Construction. Ces volontaires, dont 70 % de femmes alors qu'elles représentent 20 % du panel concerné, suivent un programme de huit séances de 1 h 30 chacune par semaine au sein même des différents locaux de l'entreprise, à la fin d'une journée de travail. Payées intégralement par l'employeur, elles sont assurées par une sophrologue diplômée que Losinger avait fait intervenir, fin 2007, pour donner de simples conférences.

L'entreprise ne le cache pas, la sophrologie se veut une réponse originale à un phénomène qui, lui, tend à se banaliser : le stress. « Promettre sa disparition totale ne serait pas crédible, mais nous souhaitons proposer un moyen de mieux gérer ce sentiment, qui s'est répandu sans surprise, compte tenu de notre forte croissance - en dix ans, le chiffre d'affaires a été multiplié par six et les effectifs d'ingénieurs et architectes par plus de trois - et du positionnement sur des projets toujours plus complexes. Les nouveaux venus n'hésitent d'ailleurs pas à décrire l'entreprise comme enthousiasmante autant que déstabilisatrice et dévoreuse d'énergie, lors des saynètes théâtrales qu'ils créent durant le séminaire d'intégration », précise Karim Abdelatif, le DRH de Losinger, qui emploie au total 900 salariés, personnel de chantier compris.

Une enquête auprès du personnel, l'an dernier, a confirmé, de façon plus générale, l'aspiration à un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. La sophrologie entend y participer, de même que la subvention aux abonnements sportifs (180 euros par an et par salarié) et le recours prévu, prochainement, à un ergonome et à un diététicien.

Plusieurs outils, mis en place cet automne, et pour partie inspirés de la France, pallient le vide législatif suisse sur nombre de thèmes relatifs à l'épanouissement au travail. Losinger a instauré et financé à 100 % un congé paternité de dix jours, une allocation de vacances de 600 à 900 euros selon l'ancienneté, ainsi qu'un compte épargne-temps, qui permet de reporter des excédents de congés d'une année à l'autre, et de transformer des primes financières en périodes de repos.